
Replay Mardi de la CLEF #39 : Une histoire de GPA, d’altruisme et d’injustice
11 février, 2025La CLEF à la CSW69 – Commission de la condition de la femme 2025
4 mars, 2025Revue de presse féministe & internationale du 17 au 21 février
GUADELOUPE
Violences sexuelles en hausse pendant le carnaval
Le carnaval de Guadeloupe 2025 est en cours. Chaque année, les festivités sur l’île coïncident avec une augmentation des violences sexuelles à l’encontre des femmes et les mesures mises en place ne sont pas suffisantes pour faire face à cette situation.
« Les violences sexuelles augmentent de 20 à 30 % pendant cette période. Il y a souvent une recrudescence des IVG après les fêtes, qui peuvent être liés à des relations sexuelles non protégées, mais aussi à des viols » « On l’a vu depuis que le carnaval a commencé, il y a déjà des situations qui sont déplorables. Le téléphone n’arrête pas de sonner pour nous rapporter des faits d’agressions sexuelles. C’est inquiétant car nous avons des agresseurs de plus en plus jeunes, âgés de 16 à 17 ans, qui peuvent se montrer très violents », explique Natacha Nestor, responsable de l’aide aux victimes à la police nationale de Guadeloupe et fondatrice de l’association Femmes et police dans l’égalité et la diversité.
Face à cette situation, la préfecture de Guadeloupe a lancé une campagne de prévention intitulée « Ma tenue n’est pas une invitation #Stopauxviolencessexuelles » qui a circulé sur les réseaux sociaux accompagnée de slogans tels que « L’habit ne fait pas le consentement » ou encore « Mon costume, mon choix ».
En réaction, Patricia Procida, chargée de réaliser les costumes pour le groupe carnavalesque VIM, a déclaré : « Je ne pense pas à ces hommes lorsque je crée mes costumes. C’est à eux de changer. Pas à nous de nous adapter. »
ETATS-UNIS
La fin de l’USAid engendre une catastrophe humanitaire
Le 2 février 2025, Elon Musk, ministre de l’Efficacité gouvernementale sous l’administration Trump, a annoncé la fermeture de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAid) après une demande de Donald Trump de geler les activités de l’agence pendant 90 jours.
Sur son réseau social X, il a déclaré : « L’USAid est une organisation criminelle. Il est temps qu’elle meure. ». Pourtant, l’USAid représente quatre dollars sur dix dépensés à l’échelle mondiale pour l’aide humanitaire. Son arrêt brutal a plongé des millions de personnes dans la détresse, affectant en priorité les femmes et les enfants. De nombreuses organisations humanitaires ont dû fermer leurs portes ou licencier leur personnel, interrompant des programmes essentiels comme l’éducation des filles, la lutte contre la malnutrition et l’accès aux soins médicaux.
Au Soudan et en République démocratique du Congo, des stocks de matériel médical stockés dans des entrepôts ne peuvent plus être distribués. Dans toute l’Afrique, des centaines de milliers d’enfants qui dépendent de cette aide pour les repas scolaires sont désormais privés de nourriture. En Ouganda, des programmes de lutte contre le paludisme sont suspendus, tandis qu’au Népal, la fermeture d’un projet éducatif accroît le risque de mariages précoces et de traite des filles. En Colombie, des initiatives d’aide aux familles déplacées par les violences entre groupes armés et aux agriculteurs cherchant à remplacer la culture de la coca par des alternatives légales ont été stoppées.
Une étude de l’Institut Guttmacher révèle que pendant la période de 90 jours, 11,7 millions de femmes et de jeunes filles se verront refuser l’accès aux soins contraceptifs, entraînant la mort de 8 340 d’entre elles en raison de complications liées à la grossesse et à l’accouchement.
Jeremy Konyndyk, président de Refugees International et ancien responsable de l’USAid, a déclaré:
« Si cela se concrétise, ce sera vraiment un événement d’extinction pour le secteur humanitaire mondial aux États-Unis et pour une grande partie du secteur du secours et du développement à travers le monde ».
Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, ce qui était redouté est devenu réalité : ses décisions menacent directement les droits des femmes, mettant en péril leur santé et leur sécurité, aux États-Unis comme ailleurs.
https://www.guttmacher.org/2025/01/family-planning-impact-trump-foreign-assistance-freeze
AFGHANISTAN
Les talibans s’attaquent à l’une des dernières voix des femmes
Le mardi 4 février 2025, les talibans ont fait irruption dans les locaux de Radio Begum à Kaboul, arrêtant deux employés hommes et saisissant tout le matériel informatique. Cette radio, créée par des femmes et pour les femmes, était l’un des derniers espaces où les Afghanes pouvaient s’exprimer librement et recevoir des conseils dans une société où leurs droits se réduisent chaque jour.
Fondée le 8 mars 2021, lors de la Journée internationale des droits des femmes, Radio Begum diffusait dans tout le pays, atteignant 600 000 auditrices par jour. Elle était un soutien essentiel pour celles privées d’éducation depuis le retour des talibans au pouvoir, proposant des cours en dari et en pachto, les deux langues nationales, pour les collégiennes et lycéennes exclues du système scolaire.
En 2024 une des élèves qui suivaient quotidiennement la radio témoignait :
« On est interdite d’école conventionnelle mais on continue à apprendre et la radio nous aide à ça. Ça nous donne le sentiment d’être assises dans une vraie classe, c’est notre seule motivation ».
Depuis l’arrivée au pouvoir des talibans peu après la création de la radio, ses membres résistent :
« Toute notre force vient de notre capacité à nous adapter quel que soit le nombre de restrictions que nous subissons », déclare une des employés de la radio en 2024.
Malgré cette fermeture brutale, avec la création de Begum TV en 2024, la chaîne diffusera toujours par satellite depuis Paris vers l’Afghanistan 8 heures de programme éducatif et divertissant par jour. En plus des cours, la chaîne diffuse une large gamme de programmes allant du divertissement à des émissions abordant les problèmes médicaux et la santé mentale.
« Pour les femmes, c’est la seule fenêtre d’ouverture sur le monde, le seul moyen de se distraire » « La nouvelle génération de filles afghanes qui nous regarde est celle qui est en train de grandir sous le régime des talibans. Ce que l’on veut, c’est qu’elles gardent espoir. On essaie de leur mettre du baume au cœur pour qu’elles sachent que tout n’est pas perdu », explique Hamida Aman.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Radio_Begum
https://www.arte.tv/fr/videos/117473-000-A/afghanistan-radio-begum-la-voix-des-resistantes/
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Kinshasa accueille le deuxième Sommet pour les droits des femmes
Le 15 février 2025, Kinshasa a accueilli le deuxième Sommet de la Femme sous le thème « Femmes, Égalité et Résilience : Renforcer la lutte contre les violences basées sur le genre et promouvoir l’autonomisation économique des femmes en Afrique centrale ».
L’événement a réuni des figures majeures de la République Démocratique du Congo et de la République du Congo dans le but de créer un espace de dialogue et de coopération entre gouvernements et société civile afin de favoriser un développement plus inclusif et égalitaire.
Initiée par l’ONG féministe Mwasi ya motuya, cette rencontre visait à renforcer la collaboration régionale dans la lutte contre les violences basées sur le sexe et l’autonomisation des femmes. Plusieurs avancées sont attendues, notamment une meilleure coopération entre les pays, l’adoption de pratiques plus efficaces et un engagement plus marqué pour faire évoluer les droits des femmes dans la région. Parmi les revendications, il y a la nécessité d’accroître et valoriser la participation des femmes dans les instances décisionnelles et l’intégration d’un cours sur l’égalité des sexes à l’école, une mesure défendue par la paneliste Caroline Pindi.
Ce sommet intervient parallèlement à la sortie d’un rapport de l’Institut National de la Statistique et de l’École de Santé Publique de Kinshasa qui met en lumière l’ampleur des violences subies par les femmes en RDC. Sur un échantillon de 10 052 femmes âgées de 18 à 49 ans, 37 % déclarent avoir été victimes de violences physiques depuis l’âge de 15 ans. Parmi celles ayant eu un partenaire intime, 48 % ont subi des violences émotionnelles, physiques ou sexuelles et 33 % dans l’année précédant l’enquête. De plus, 66 % des femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles n’en ont jamais parlé ni cherché d’aide, et seulement 22 % ont tenté d’obtenir du soutien.