Revue de presse féministe & internationale du 3 au 7 février

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MALAWI

Un pasteur malawite, se bat pour la légalisation de l’avortement 

Au Malawi, le révérend Cliff Nyekanyeka lutte pour la légalisation de l’avortement.

Tout au long de son ministère, il a présidé les funérailles de nombreuses femmes décédées des suites d’avortements clandestins. Il a également visité des hôpitaux où les médecins lui ont montré les séquelles dramatiques laissées par ces procédures non sécurisées.

« J’ai vu des femmes en difficulté, je les ai vues souffrir et je compatis avec elles » « Je suis en faveur du droit à l’avortement parce que j’ai vu ce que cela signifie [de ne pas être libre], et je pense que je dois contribuer à ce mouvement. », Cliff Nyekanyeka.  

Le lourd bilan des décès dus aux avortements clandestins ont réuni des religieux chrétiens et musulmans pro-choix autour de la fin de l’interdiction stricte. Depuis 2019, Cliff Nyekanyeka coordonne le Religious Leaders Network for Choice, un groupe formé en 2019 qui compte aujourd’hui environ 1000 membres issus des communautés chrétiennes et musulmanes. Cette organisation mène des recherches sur les liens entre la religion, la santé, les droits sexuels et reproductifs. Elle plaide également pour un accès sécurisé à l’avortement auprès des parlementaires, des juges, des médias et des figures politiques.   

Les avortements à risque figurent parmi les cinq principales causes de mortalité maternelle au Malawi, représentant jusqu’à 18 % des décès maternels. Chaque année, on estime que 38 avortements clandestins sont pratiqués pour 1 000 femmes. C’est un des pays avec le taux de mortalité lié aux avortement clandestins le plus élevé du monde. Actuellement, l’avortement n’est légal qu’en cas de danger pour la vie de la mère. Toute personne qui pratique un avortement encourt une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans d’emprisonnement et une femme enceinte sollicitant un avortement risque une peine maximale de 7 ans de prison.

Depuis plusieurs années, le Religious Leaders Network for Choice milite pour une réforme législative. Un projet de loi visant à assouplir les restrictions sur l’avortement avait été proposé en 2016, mais il n’a jamais été présenté au Parlement en raison d’une forte opposition. Ce texte prévoyait d’autoriser l’interruption volontaire de grossesse en cas de danger pour la santé physique ou mentale de la femme, de viol, d’inceste ou d’anomalies fœtales graves.   

En 2021, le député Matthews Ngwale a réussi à soumettre ce projet au Parlement, une avancée significative selon Simeon Thodi, responsable du plaidoyer chez MSI Malawi :
« C’est grâce à l’engagement des chefs religieux auprès des parlementaires que ce projet de loi a été présenté pour la première fois au Parlement. »

Malgré les récents progrès réalisés dans l’opinion publique malawite, une forte opposition à la légalisation de l’avortement persiste. Cliff Nyekanyeka affirme que certaines organisations anti-avortement, financées par des groupes américains et britanniques, diffusent de fausses informations.   

Au même moment, en Sierra Léone, un projet de loi sur la maternité sans risque a été introduit au Parlement, mais cette fois-ci c’est le conseil interreligieux du pays qui fait pression pour qu’il soit retiré. Que ce soit au Malawi ou en Sierra Léone, les chefs religieux sont très influents et contribue aux débats sur l’avortement dans des directions opposées. On comprend que les prises de positions sur l’avortement ne dépendent en réalité pas de la foi mais du manque d’information.

https://www.guttmacher.org/news-release/2017/clandestine-and-unsafe-abortion-common-malawi#

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC5442498/#:~:text=According%20to%20sections%20149%20to,woman%20through%20a%20surgical%20operation

https://www.theguardian.com/global-development/2025/jan/09/women-malawi-religious-leaders-legal-abortion-ban-maternal-mortality-christian-muslim


ESPAGNE

Début du procès dans “l’affaire Rubiales” 

L’ancien président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, est jugé depuis ce lundi 3 février pour agression sexuelle et coercition, suite à des événements survenus après la victoire de l’équipe féminine d’Espagne à la finale de la Coupe du monde de football, le 20 août 2023. Rubiales est accusé d’avoir embrassé de force la joueuse internationale espagnole Jennifer Hermoso.

Au cours de la procédure, il a été révélé que la victime, ainsi que plusieurs témoins, ont subi des pressions pour minimiser l’impact de ce baiser forcé. Selon les informations, Luis Rubiales aurait tenté de convaincre Hermoso de tourner une vidéo dans laquelle il expliquait que ce baiser était un geste d’« affection » et d’« amitié », visant à banaliser l’acte. Rafael del Amo Arizu, président du comité technique du football féminin espagnol, a affirmé qu’il avait été témoin des pressions exercées sur la joueuse pour parvenir à un accord, précisant que Hermoso avait, selon la gardienne de l’équipe d’Espagne, Misa Rodriguez, terminé une conversation avec Rubiales en larmes. 

De son côté, Jennifer Hermoso a qualifié l’agression de « geste impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement », tandis que Luis Rubiales a persisté dans sa version, affirmant que ce baiser était « un petit bisou consenti ». 

Pour ces faits, Luis Rubiales risque une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans et demi, pour les délits d’agression sexuelle et de coercition. Le ministère public a également demandé qu’il verse une indemnité de 50 000 euros à la victime pour le préjudice moral lié à l’agression sexuelle.

Il n’est pas le seul sur le banc des accusés. Seront également jugés le directeur sportif de l’équipe masculine Albert Luque, l’ancien entraîneur de l’équipe féminine Jorge Vilda ainsi que l’ancien directeur marketing de la Fédération Rubén Rivera pour les pressions exercées ultérieurement sur la joueuse pour étouffer l’affaire.

Cinq jours après l’agression, lors d’un discours controversé, Luis Rubiales s’était attaqué à ce qu’il appelait le « faux féminisme » autour de l’affaire, insistant sur le fait qu’il avait obtenu l’autorisation préalable de la joueuse avant de l’embrasser.

Suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la FIFA, Luis Rubiales a fait appel de cette décision. Par ailleurs, quelques semaines plus tard, Jennifer Hermoso n’a pas été convoquée pour les deux matchs amicaux de l’équipe d’Espagne, une exclusion qui, selon la presse espagnole, serait liée à ses déclarations dans un documentaire diffusé sur Netflix, qui revenait sur l’affaire Rubiales.                        

https://www.ladepeche.fr/2025/02/05/affaire-rubiales-les-temoins-auraient-subi-des-pressions-pour-etouffer-le-baiser-force-subi-par-jenni-hermoso-12494220.php

https://www.liberation.fr/international/europe/baiser-force-a-jenni-hermoso-lex-patron-du-foot-espagnol-devant-la-justice-pour-agression-sexuelle-et-coercition-20250202_SEIZHNGGLVG4NBRTNPHJWISFTE/


IRAK

La Cour suprême suspend la loi sur les statuts personnels

La Cour suprême fédérale irakienne a temporairement suspendu l’application de trois lois controversées, dont une réforme de la loi sur les statuts personnels qui suscitait de vives inquiétudes quant aux droits des filles et des femmes.

Ce projet de loi prévoyait de réduire l’âge légal du consentement de 18 à 9 ans, d’interdire aux mères d’obtenir la garde de leurs enfants en cas de divorce et de limiter leur accès à l’héritage.

Dans un arrêt rendu le mardi 4 février, la Cour a décidé de bloquer la mise en œuvre de ces textes en attendant une contestation judiciaire sur la légalité du processus parlementaire ayant conduit à leur adoption. Cette décision fait suite à une plainte déposée par plusieurs parlementaires, qui dénoncent le vote illégal de ces lois qui auraient été adoptées ensemble, sans débat ni approbation individuelle.

Les partisan•esde ces amendements, principalement issus des milieux chiites conservateurs, estiment qu’ils visent à harmoniser le cadre juridique irakien avec les principes islamiques et à réduire ce qu’ils considèrent comme une influence occidentale excessive.    

Les premières versions du texte avaient provoqué une vague d’indignation, notamment en raison du risque de légalisation du mariage des enfants. Certaines interprétations de la loi islamique permettent en effet l’union de jeunes filles dès l’âge de neuf ans. Bien que la version finale adoptée par le Parlement précise que les époux doivent être « majeurs », elle ne fixe aucun âge légal pour la majorité, laissant la place à des interprétations dangereuses.

Pour en savoir plus sur ce projet de loi et ses implications pour les droits des filles et des femmes, cliquez ici.

https://www.euronews.com/2025/02/05/iraqs-supreme-court-freezes-controversial-laws-on-womens-rights-detainees-and-land-dispute


TUNISIE

Sihem Ben Sedrine detenue arbitrairement, son état de santé s’aggrave

Sihem Ben Sedrine est détenue arbitrairement depuis le 1ᵉʳ août 2024, victime d’une répression qui frappe les figures de la justice transitionnelle en Tunisie.

Ancienne opposante emblématique au régime de Zine El Abidine Ben Ali, elle a présidé l’Instance Vérité et Dignité, créée en 2013 par la loi organique tunisienne dans le cadre du processus de justice transitionnelle. Elle avait pour mission d’enquêter sur les violations des droits humains et de garantir réparation aux victimes après la révolution de 2011.

Le 14 janvier, jour anniversaire de la révolution tunisienne, elle a entamé une grève de la faim depuis sa cellule à la prison pour femmes de la Manouba à Tunis, dénonçant l’injustice dont elle est victime.

Accusée sans preuve d’avoir falsifié le dernier rapport de l’Instance Vérité et Dignité, son arrestation s’inscrit dans une vague de répression visant journalistes, militant•es et opposant•es au régime actuel. Face à la détérioration rapide de son état de santé, elle a été transférée le 25 janvier au service de réanimation de l’hôpital de la Rabta. Les autorités lui interdisent toute visite, y compris celles de son époux et de ses enfants. 

Même dans ces conditions, l’acharnement judiciaire à son encontre se poursuit. Le 28 janvier, un juge d’instruction du pôle économique et financier a prolongé sa détention sans même l’en informer.

Victime d’un harcèlement judiciaire basé sur des accusations non fondées, son incarcération soulève des préoccupations quant au respect de ses droits fondamentaux et peut être perçue comme un signal dissuasif à l’égard des militant·es des droits humains et défenseur·seuses de la justice transitionnelle.   

https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/tunisie/tunisie-sihem-ben-sedrine-entre-en-greve-de-la-faim

https://www.humanite.fr/en-debat/tunisie/la-militante-tunisienne-des-droits-humains-sihem-ben-sedrine-est-en-danger

https://www.humanite.fr/monde/droits-des-femmes/la-journaliste-tunisienne-sihem-ben-sedrine-entame-une-greve-de-la-faim