Revue de presse féministe & internationale du 13 au 17 janvier
17 janvier 2025COMMUNIQUE DE PRESSE 20/01/2025 – La Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) ne publiera plus sur X : voici pourquoi
Communiqué de presse
Le 20 janvier 2025
LA COORDINATION FRANÇAISE POUR LE LOBBY EUROPÉEN DES FEMMES (CLEF) NE PUBLIERA PLUS SUR X : VOICI POURQUOI.
Depuis le rachat de la plateforme X (anciennement Twitter) par Elon Musk, la plateforme s’est profondément transformée, aggravant la diffusion exponentielle des contenus haineux, violents, insultants et menaçants. Aujourd’hui, jour du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la CLEF a pris la décision de ne plus publier sur X pour rester alignée avec ses valeurs, engagements et combats féministes, pour les droits des femmes et leur liberté. Nous invitons nos allié·es à nous rejoindre sur des plateformes alternatives telles que BlueSky.
Un constat alarmant, une misogynie assumée
Les données sont sans appel : depuis 2022, les messages violents et misogynes se sont amplifiés de manière exponentielle sur X. D’après l’Institute Strategic Dialogue (ISD), l'utilisation des hashtags #YourBodyMyChoice (“ton corps mon choix”) et #GetBackInTheKitchen (“retourne à la cuisine”) a augmenté de 4600%.
Les idéologies masculinistes et conservatrices sont ainsi propagées massivement sur X et bénéficient de la propulsion algorithmique souhaitée par Elon Musk et avec pour effet de soutenir la politique du nouveau Président américain Donald Trump
Nous constatons que :
Les tweets d'Elon Musk sont 1000 fois plus diffusés que ceux des utilisateur·rices que nous décidons de suivre sur la plateforme, lesquels bénéficient d'une amplification généralement limitée à 200 fois.[1]
En 2022, les messages les plus violents étaient amplifiés de 30 %, mais cette amplification est passée à 50 % en février 2023. Concrètement, cela signifie que les contenus violents, menaçants ou insultants sont rendus 50% plus visibles que le reste du contenu de notre fil d’actualité. Les risques de tomber uniquement sur des informations nuisibles sont donc proportionnellement plus importantes.[2]
Les comptes suspendus pour incitation à la haine et/ou la désinformation ont été rétablis (en premier lieu le compte de Donald Trump).
L’utilisation de l’intelligence artificielle ou de comptes automatisés (aujourd’hui, entre 9 et 15% des comptes Twitter actifs sont des bots)[3] a augmenté et les fils d’actualités des utilisateurs ont été inondés de contenus alignés avec des idées d'extrême droite, notamment pendant la campagne de Donald Trump, faisant ainsi de la plateforme un véritable outil de propagande politique.
Une guerre digitale contre les femmes et les féministes
C’est pourquoi la société civile féministe doit rester particulièrement vigilante face à ce réseau, qui reflète de manière croissante les idéologies masculinistes.
Déjà en 2021, certains compte féministes dénonçant le viol et les violences sexuelles en général, ont été suspendues par le réseau pour « conduite haineuse », ce que X qualifiera par la suite une “erreur de modération”.[4]
Un phénomène a été constaté ces dernières années sur la plateforme : le Shadow Ban, qui vise particulièrement les comptes militants et/ou féministes.[5]
La campagne électorale de Trump impulsée sur X par Elon Musk a alimenté une montée en puissance de la haine misogyne qui s’amplifie depuis les élections.
Depuis le 3 juin 2024, la plateforme autorise officiellement (bien que cela ait déjà été pratiqué de manière officieuse) les contenus à caractère pornographique, s'appuyant une fois de plus sur une vision ultra-libérale et patriarcale de la liberté d'expression. Cela engendre, comme attendu, la promotion de contenus violents, sexistes et racistes, qui mettent en péril les droits des femmes à disposer de leurs corps et les expose à des cyberviolences sexuelles.
Un enjeu par-delà les frontières
Aujourd’hui, le 20 janvier 2025, Donald Trump est officiellement Président des Etats-Unis. Lors de son élection en novembre dernier, il a rapidement affiché sa collaboration idéologique avec Elon Musk en le désignant à la tête d’un nouveau ministère chargé de l’efficacité gouvernementale. Il a également renforcé ses relations avec nombre de figures bien connues des mouvements masculinistes et d’extrême droite, ne laissant aucun doute sur ses futures prises de position.
Pour toutes ces raisons, la CLEF a pris la décision de quitter X, en cohérence avec nos valeurs, nos engagements et nos priorités stratégiques. Nous demeurons résolues à porter la voix des femmes et des organisations féministes, et à promouvoir un féminisme exigeant, en France comme à l’international. Ce choix marque une prise de position forte contre la montée des masculinismes et pour la protection de nos démocraties face à la manipulation des informations.
Contact presse : clef.femmes@gmail.com
[1] January 10, 2025, “Use of the Slur “retard” Triples on X After Elon Musk Shares the Word in a Post”, School of Communication and Media News. Montclair State University.
[2] David Chavalarias, Toxic Data, “Comment les réseaux manipulent nos opinions”, Essai, 2 mars 2022, Édition Flammarion.
[3] Onur Varol,Emilio Ferrara, Clayton A. Davis, Filippo Menczer, Alessandro Flammini1, “Online Human-Bot Interactions: Detection, Estimation, and Characterization”, mars 2017.
[4] Libération, Tribune, “ Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ? ”, par Mélusine, militante féministe et antiraciste, publié le 29 janvier 2021 à 18h33.
[5] Le Shadow Ban désigne un signalement massif d'utilisateur·ices diffusant une information que l'on préfère ne pas avoir sur le réseau. Malheureusement, c et outil est davantage utilisé pour censurer des contenus engagés que pour limiter les contenus nuisibles ou violents. Site internet TAPAGE, instagram et les comptes féministes : de la success story à la censure "Meta is watching you", 14 avril 2022, par Claire Roussel.
[6] RTBF Actus, “Elon Musk chez Twitter : un danger pour les femmes ?”, Par Marine Mélon pour Les Grenades, le 30 avril 2022.