Revue de presse féministe & internationale du 7 au 11 octobre

Résumé du rapport de Reem Alsalem sur la violence à l’égard des filles et des femmes dans le sport
11 octobre 2024
Résumé du rapport de Reem Alsalem sur la violence à l’égard des filles et des femmes dans le sport
11 octobre 2024

Revue de presse féministe & internationale du 7 au 11 octobre


INTERNATIONAL

Une nouvelle alliance pour accroitre l’influence des organisations féministes dans l’espace francophone.  

L’Alliance Féministe Francophone, annoncée lors du Sommet de la Francophonie 2024, constitue une nouvelle initiative pour donner plus de visibilité et d’influence aux organisations féministes dans l’espace francophone.

Coordonnée par Equipop, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée (FFMed), et la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), cette alliance a pour mission de renforcer la capacité des militant.es à participer activement aux espaces internationaux de plaidoyer et de décision. Dans un contexte où des défis tels que la barrière linguistique, le manque de financement et l’absence de coordination peuvent limiter l’impact de ces organisations, l’Alliance se positionne comme un microphone, renforçant et soutenant leurs efforts pour amplifier leurs voix. 

En effet, l’année 2024 est marquée par des défis croissants en matière de droits des femmes. Dans plusieurs régions du monde, les droits acquis sont menacés, notamment par la montée des mouvements conservateurs. Les débats autour de la santé reproductive et de l’accès à l’avortement, qui ont pris une nouvelle dimension après la révocation de Roe v. Wade en 2022, et ravivés lors des élections présidentielles aux États-Unis, en sont un exemple. Nous pouvons également citer les mutilations génitales féminines (MGF), qui continuent d’affecter plus de 12 000 filles chaque jour. Cette réalité est particulièrement frappante dans des pays francophones comme la Guinée, où 97 % des filles et des femmes sont touchées par ces pratiques, et le Mali, avec un taux dépassant les 80 %. Ce phénomène s’étend également aux pays francophones, où des législations restrictives soutenues par des groupes conservateurs influents continuent de menacer les droits des femmes.

L’Alliance Féministe Francophone intervient également à un moment où les financements destinés à l’égalité entre les femmes et les hommes connaissent une baisse préoccupante. Selon le rapport de Focus 2030, en 2022, l’aide publique au développement consacrée à cette cause a chuté de 5 % sur le plan mondial, malgré des besoins croissants, Face à ce déficit de financement et à la persistance des violences à l’égard des filles et des femmes dans plusieurs pays francophones, l’Alliance bénéficie d’un soutien crucial de 5 millions d’euros sur trois ans, octroyé par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE). 

L’Alliance s’inscrit également dans le cadre du Réseau Francophone pour l’Égalité et les Droits des Femmes, qui offre une plateforme de concertation et de coordination entre les États membres et les acteurs de la société civile. Ce réseau, soutenu par des personnalités telles que Martine Biron, ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, et Salima Saa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, joue un rôle crucial dans la promotion des droits humains et dans la lutte contre les discriminations au sein de la Francophonie. L’objectif est de permettre aux militant.es francophones de se rassembler et de créer des alliances solides pour influencer les politiques internationales sur l’égalité entre les femmes et les hommes.

Par ailleurs, les données de l’ONU révèlent que, sans intervention plus vigoureuse, il faudra encore 137 ans pour éradiquer la pauvreté chez les filles et les femmes, et 2063 pour atteindre la parité dans les parlements. Ces chiffres rappellent à quel point la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes reste un long chemin, et soulignent l’importance d’initiatives comme l’Alliance Féministe Francophone pour accélérer les progrès. L’Alliance et le Réseau Francophone pour l’Égalité et les Droits des Femmes offrent une plateforme pour mobiliser les ressources nécessaires, ainsi que pour unifier les efforts dans le but de créer un véritable impact mondial, représentant un espoir tangible pour les militantes féministes francophones.

https://focus2030.org/Gender-inequality-around-the-world-in-2024-special-report

https://www.unwomen.org/en/news-stories/press-release/2024/09/un-report-urges-immediate-global-action-to-close-critical-gender-gaps

https://br.ambafrance.org/Mesures-prises-a-l-issue-du-XIXe-sommet-international-de-la-francophonie-5

https://equipop.org/cp-alliance-feministe-francophone/

https://guineenews.org/egalite-et-droits-des-femmes-les-nouvelles-voies-de-la-francophonie/

https://lepetitjournal.com/montreal/actualites/xixe-sommet-de-la-francophonie-martine-biron-sengage-pour-legalite-femmes-hommes-394096

https://information.tv5monde.com/terriennes/comment-defendre-les-droits-des-femmes-dans-l


UNION EUROPEENNE

Une avancée majeure pour la protection des droits des réfugiées afghanes. 

Ce 4 octobre 2024, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a pris une décision historique, offrant à toutes les femmes afghanes la possibilité de prétendre au statut de réfugiée dans l’Union Européenne pour le seul fait d’être une femme en Afghanistan.

Cette décision intervient dans un contexte où les droits des femmes en Afghanistan sont largement restreints depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021.Elle marque une reconnaissance importante des souffrances subies sous le régime taliban et envoie un signal fort sur la protection des droits humains, et particulièrement des femmes.

Cette décision repose sur le droit européen de l’asile, qui protège les personnes menacées en raison de leur sexe, de leur appartenance à un groupe social ou de leur religion. Cette décision n’est pas une nouvelle loi, mais bien une interprétation par la CJUE des règles existantes sur le droit d’asile. La CJUE, qui veille à ce que les lois européennes soient correctement appliquées dans tous les pays membres, a été saisie à la suite de demandes de défenseurs des droits humains et de certains États membres, comme la France et l’Allemagne. Elle a statué que, vu les persécutions généralisées auxquelles les femmes afghanes sont confrontées sous le régime taliban, elles doivent toutes être éligibles au statut de réfugiée. 

En effet, depuis leur prise de pouvoir en 2021, les talibans ont imposé un « apartheid de sexe », selon l’ONU, interdisant aux filles l’accès à l’éducation au-delà du primaire, touchant plus de 1 million d’entre elles. En décembre 2022, ils ont également banni les femmes des universités. Les femmes afghanes sont également exclues de presque tous les emplois publics, ne peuvent pas se déplacer librement sans la présence d’un homme, et sont dans l’obligation de se couvrir entièrement le visage, ainsi que les mains. Leurs vêtements ne doivent être « ni fins, ni serrés, ni courts », précise le décret. Ces derniers mois, les talibans ont encore intensifié les restrictions, interdisant aux femmes d’accéder aux parcs publics, aux gymnases et même aux bains publics; ce qui a donné lieu à la fameuse citation de Meryl Streep « A squirrel has more right than a girl in Afghanistan today » faisant référence au fait que les écureuils peuvent se promener librement dans les parcs, contrairement aux femmes. Une récente loi leur interdit également de faire entendre leur voix en public. C’est face à cette escalade des violations des droits, que la CJUE a reconnu la persécution systématique des femmes afghanes, justifiant leur éligibilité au statut de réfugié.

En 2022, le nombre de demandes d’asile déposées dans l’Union européenne a connu une augmentation de 64 % par rapport à 2021; les Afghan.es représentant une part importante de ces demandeur.euses, en particulier les femmes confrontées à cette persécution systématique.  En effet, en 2022, environ 15 % du total des demandes d’asile enregistrées en France était d’origine afghane, plaçant l’Afghanistan comme le premier pays demandeur d’asile. 

Si cette décision est une avancée majeure, les défis restent nombreux pour les femmes afghanes cherchant à obtenir l’asile. Le nombre de dossiers pendants dans l’Union européenne continue d’augmenter, atteignant une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente. 

La décision de la CJUE est un message d’espoir pour les femmes afghanes et un engagement clair de l’Union européenne envers la protection des droits humains. Saluée par les associations féministes et les associations de terrain, ces dernières alertent toutefois sur l’importance d’une la mise en œuvre effective rapide de cette décision. 

https://www.forumrefugies.org/s-informer/publications/rapports/1232-l-asile-en-france-et-en-europe-etat-des-lieux-2023

https://commission.europa.eu/strategy-and-policy/priorities-2019-2024/promoting-our-european-way-life/statistics-migration-europe_fr

https://www.forumrefugies.org/s-informer/publications/rapports/1232-l-asile-en-france-et-en-europe-etat-des-lieux-2023

https://commission.europa.eu/strategy-and-policy/priorities-2019-2024/promoting-our-european-way-life/statistics-migration-europe_fr

https://www.francetvinfo.fr/monde/afghanistan/toute-femme-afghane-peut-pretendre-au-statut-de-refugie-decide-la-justice-europeenne_6818417.html

https://www.lepoint.fr/debats/femmes-afghanes-les-damnees-de-la-terre-07-10-2024-2572029_2.php

https://www.challenges.fr/femmes/droit-a-l-asile-des-femmes-afghanes-en-europe-un-premier-pas-qui-en-appelle-d-autres_907488

https://www.publicsenat.fr/actualites/culture/tous-les-terroristes-du-monde-entier-sont-aujourdhui-en-afghanistan-alerte-la-militante-chekeba-hachemi

https://www.francetvinfo.fr/monde/afghanistan/statut-de-refugie-pour-les-femmes-afghanes-la-decision-de-la-cour-de-justice-de-l-union-europeenne-envoie-des-messages-importants-selon-amnesty-international-france_6819689.html

https://www.lejdd.fr/international/afghanistan-la-justice-europeenne-decrete-que-toutes-les-femmes-peuvent-desormais-pretendre-au-statut-de-refugie-150241

https://www.francetvinfo.fr/monde/afghanistan/toute-femme-afghane-peut-pretendre-au-statut-de-refugie-decide-la-justice-europeenne_6818417.html

https://www.rfi.fr/fr/europe/20241005-la-justice-europ%C3%A9enne-d%C3%A9cide-que-toute-femme-afghane-peut-pr%C3%A9tendre-au-statut-de-r%C3%A9fugi%C3%A9


INTERNATIONAL

Reem Alsalem, la rapporteuse spéciale sur la violence entre les femmes et les filles a publié un rapport sur la violence à l’égard des filles et des femmes dans le sport. 

Le sujet des discriminations et des violences faites aux femmes dans le sport est au cœur des préoccupations de la CLEF : 

  • Les femmes se heurtent à des obstacles tels que le manque d’infrastructures et les stéréotypes sexistes, ce qui limite leur participation. La CLEF plaide donc pour des politiques publiques favorisant l’inclusion des femmes dans le sport. 
  • De plus, la CLEF lutte pour la sensibilisation, la détection et la protection des sportives qui subissent des violences physiques, psychologiques et sexuelles.   
  • Dans un milieu encore largement dominé par les hommes, l’accès des femmes aux postes de direction est restreint, et la CLEF milite pour la parité au sein des instances sportives. 
  • Parallèlement, elle lutte contre la traite des athlètes à des fins d’exploitation sexuelle, intégrant ainsi sa combat contre la prostitution. 

Bien que le sport puisse être un vecteur d’autonomisation, il demeure un environnement où discriminations, stéréotypes et violences persistent. 

Le 27 aout dernier, Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les violences contre les filles et les femmes, ses causes et conséquences a rédigé un rapport nommé “La violence à l’égard des filles et des femmes dans le sport”. 

Retrouvez le résumé de ce rapport en cliquant ici.

N’hésitez pas à visionner notre Mardi de la CLEF sur l’héritage des femmes dans les Jeux Olympiques et Paralympiques.