Mardi de la CLEF #30 : En l’honneur d’Eleanor Roosevelt et Hansa Mehta
22 décembre 2023APPEL AU RASSEMBLEMENT – Jeudi 11 janvier 2024 « Gardez votre vieux monde, nous en voulons un sans violence sexiste et sexuelle »
8 janvier 2024Revue de presse féministe & internationale du 15 au 22 décembre
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Les droits des femmes, enjeu électoral de taille
Mercredi 20 et jeudi 21 décembre, les congolais·es étaient appelé·es à voter lors des élections générales. La question des droits des femmes et de leur représentativité politique s’est placée au cœur des débats.
Mercredi 20 décembre, quelques 43 millions d’électeur·ices congolais·es étaient appelé·es à voter pour les élections générales, afin d’élire le futur Président de la République, les député·es nationaux·ales et provinciaux·ales, ainsi que les conseiller·es communaux·ales. Comme le note France 24, sur les affiches électorales dans les rues du pays, les femmes candidates sont omniprésentes. Une image loin de la réalité : en République démocratique du Congo, la situation des droits des femmes, et plus précisément leur représentation politique, est mauvaise par rapport à ses voisins africains. Cette année, au total, 29 096 candidates se sont présentées, contre 71 273 candidats. Le nombre de femmes élues ne sera connu que le 31 décembre, annoncé par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
La faible proportion de femmes candidates témoigne de la tout aussi faible représentativité des femmes en politique, qui reste une problématique de taille dans le pays, malgré les efforts entrepris ces dernières années. Au Parlement congolais, seules 13,2% des député·es sont des femmes, un chiffre très en dessous de la moyenne mondiale qui culmine à 26,7%, ainsi que de la moyenne régionale en Afrique subsaharienne, avec 27,1%. La faible présence des femmes en politique est également révélatrice d’un contexte plus global de discriminations et de violences à l’égard des femmes, dans un pays où l’égalité femmes-hommes reste un lointain mirage. Dans son classement annuel sur l’égalité femmes-hommes, le Forum économique mondial classe la République Démocratique du Congo en 140ème place, sur un total de 146 pays.
Les droits des femmes sont devenus un enjeu à part entière de ces élections générales. Le président sortant Félix Tshisekedi, qui souhaite briguer un deuxième mandat, est ainsi décrit par son équipe comme un « président féministe » et un « fervent défenseur des droits de la femme » selon les mots de sa porte-parole Tina Salama. Le président met en avant les progrès de ces dernières années en matière d’accès des femmes congolaises aux postes de décision. En effet, aujourd’hui, plusieurs ministres de son gouvernement sont des femmes, et la Banque centrale est elle aussi dirigée par une femme. En 2019, pour la première fois, une femme, Jeanine Mabunda Lioko a été élue à la présidence de l’Assemblée nationale. Félix Tshisekedi a également lancé une campagne contre la masculinité toxique et, en septembre dernier, avait plaidé à la tribune des Nations unies pour « l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles en Afrique ». Les supports de la campagne de Félix Tshisekedi mettent aussi en avant une des mesures phares qu’il a mis en place pendant son premier mandat, à savoir la gratuité des accouchements. Cette initiative a été accueillie dans tout le pays, et a notamment permis de faire baisser les taux de mortalité maternelle et infantile.
Si l’on parle autant des femmes en pleine campagne électorale, c’est aussi grâce au profil d’un des candidats à la présidentielle, celui de Denis Mukwege. Aussi surnommé « l’homme qui répare les femmes », le gynécologue et militant des droits humains avait annoncé sa candidature par surprise en octobre 2023. Mondialement reconnu pour son travail auprès des victimes de violences sexuelles utilisées comme armes de guerre dans l’est du pays, il a reçu le Prix Nobel de la paix en 2018. Depuis 24 ans, il travaille dans son hôpital à Bukavu et soigne femmes et filles victimes de violences sexuelles et de viols. Néanmoins, malgré sa reconnaissance internationale, Denis Mukwege est passé assez inaperçu dans son pays natal pendant les élections, et n’est pas considéré comme un adversaire direct du président sortant.
Il faudra attendre quelques jours avant de connaître les résultats des élections congolaises. Jeudi 21 décembre, les autorités ont annoncé que les congolais·es auraient un jour supplémentaire pour voter, suite à des problèmes logistiques qui ont empêché l’ouverture de certains bureaux de vote.
France 24, « Présidentielle en RD Congo : quand les femmes deviennent un enjeu politique », 16 décembre 2023.
Challenges, « Denis Mukwege, l’homme qui voudrait réparer son pays, la RDC », 13 décembre 2023.
RFI, « Élections générales en RDC: où sont les femmes? », 18 décembre 2023.
MAROC
Les revendications des féministes pour un nouveau Code de la famille plus égalitaire
Samedi 16 décembre se sont tenues les premières Assises du féminisme à Rabat. Cette première édition a permis aux féministes de discuter de leurs revendications pour le nouveau Code de la famille, dont la réforme a été annoncée par le roi du Maroc cette année.
Lors de la toute première édition des Assises du féminisme, les débats et échanges des participant·es se sont donc naturellement tournés vers la réforme de la Moudawana (le Code de la famille). De nombreuses expertes étaient au rendez-vous : des juristes, militantes, universitaires, médecins, islamologues, historiennes, anthropologues, économistes, ou encore artistes composaient le panel de cet événement. La fondatrice des Assises du féminisme, Aïcha Zaïmi Sakhri, a annoncé vouloir fédérer le mouvement féministe marocain. Les Assises ont permis aux participant·es de débattre de leurs arguments et d’exprimer leurs revendications pour le nouveau Code de la famille du royaume. Les organisatrices, de l’Association pour la promotion de la culture de l’égalité (APCE), ont d’ailleurs prévu de produire « un rapport détaillé » qui sera partagé « aux instances concernées ». Au cours de la journée, un nouveau média indépendant, féministe et engagé a également été lancé. Nommé Egalitémag, ce média aura pour mission de porter les Assises du féminisme afin de contribuer à l’émancipation des femmes. Cette journée a donc été un succès pour les organisatrices, qui ont d’ores et déjà prévu d’en faire un événement annuel.
Mais quelles sont donc les revendications des féministes marocaines ? Où en est-on du processus de réforme de la Moudawana ? La réforme a été annoncée en 2022 par le roi Mohammed VI. Le 26 septembre 2023, il a confié au Chef du gouvernement la mission de révision du Code de la famille, avec un délai de six mois. Après la restitution de cette mouture à la fin du mois de mars, le gouvernement élaborera un projet de loi, qui sera ensuite soumis au Parlement marocain. Cette réforme est très attendue par la société civile. Le Code de la famille actuel, qui date de 2004, avait été porteur d’avancées majeures, notamment sur les sujets d’égalité entre les femmes et les hommes. Il avait par exemple établi l’égalité entre femmes et hommes dans le mariage. Cependant, presque vingt ans après, les organisations féministes estiment que le texte n’a pas su s’adapter à l’évolution de la société. Le concept de la famille patriarcale reste profondément ancré, alors que de plus en plus de femmes deviennent cheffes de famille. Aïcha Alhiane, présidente de l’Union de l’action féminine, explique : « Le comité en charge de la réforme du Code de la famille doit prendre en considération toutes les évolutions de la société, ainsi que la réalité des femmes marocaines devenues soutien de famille et membres actifs de la société ».
Cette réforme législative représente donc une opportunité de taille pour les organisations de défense des droits des femmes et des enfants, qui réclament une refonte globale de la Moudawana, à l’instar de la Coalition féminine pour un Code de la Famille basée sur l’égalité et la dignité (CFCFDE) . Comme le dit Amina Lotfi, présidente de l’Association démocratique des Femmes du Maroc (ADFM), « C’est le moment ou jamais d’avoir un Code de la famille qui rétablit la parité, l’égalité, la justice sociale, qui protège et les femmes, et les hommes, et les enfants de toutes formes de violence et de discrimination ».
Leurs recommandations s’articulent autour de quatre grands axes : l’égalité face au mariage, au divorce et à l’héritage, et l’intérêt suprême de l’enfant. S’agissant du mariage, les féministes demandent l’abrogation totale de la polygamie et de la tutelle matrimoniale optionnelle pour la femme majeure. Elles réclament l’égalité en matière de mariage mixte, et revendique que la dot n’ait plus qu’une valeur symbolique. Concernant le divorce, la principale revendication des associations est d’inscrire dans la loi l’égalité de recours au divorce avec les mêmes conditions et les mêmes droits pour les femmes et les hommes. Le mouvement féministe souhaite aussi que les procédures soient simplifiées. Une grande attention est également portée à l’autorité parentale, qui reflète les inégalités persistantes au sein des couples : le père est le seul tuteur de l’enfant, y compris en cas de divorce. Les organisations féministes demandent de supprimer l’article concerné et de le remplacer par un principe d’égalité dans la tutelle légale. La reconnaissance de la filiation hors mariage et l’association, l’association de la filiation paternelle automatiquement à la filiation parentale et l’autorisation automatique du recours aux tests ADN figurent également en haut de la liste des revendications. S’agissant de l’héritage, les associations réclament l’abrogation de la discrimination du sexe et de la religion, qui devrait passer par la suppression du principe du Tâasib selon lequel lorsque les femmes sont les seules héritières, l’homme le plus proche entre dans la succession. Enfin, concernant les droits de l’enfant, la suppression de l’article 20, qui autorise, par dérogation, le mariage des mineur·es, figure en haut de la liste de recommandations.
RFI, « Maroc: les premières assises du féminisme se sont tenues à Rabat », 12 décembre 2023
Femmes du Maroc, « CODE DE LA FAMILLE : JUSQU’OÙ PEUT-ON ALLER ? », 7 décembre 2023.
Le Matin, « Révision du code de la famille : les féministes ne veulent pas d’une réforme en demi-teinte », 17 décembre 2023.
AFGHANISTAN
Les femmes victimes de violences envoyées en prison
Dans un nouveau rapport présenté au Conseil de Sécurité ce mercredi, la MANUA, mission des Nations Unies en Afghanistan, fait état des graves violations des droits que subissent les Afghanes. Les femmes victimes de violence ne sont plus accueillies en centres spécialisés mais peuvent être envoyées en prison « pour assurer leur protection ».
La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan, ou MANUA, contrôle et rend compte de l’évolution des droits des femmes et de l’élimination de la violence à l’égard des femmes dans des rapports. Son dernier rapport, intitulé « Divergence de pratiques : Le traitement des plaintes pour violence à l’égard des femmes et des filles par les autorités de facto de l’Afghanistan », a été publié le 14 décembre. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni ce mercredi pour une séance sur l’Afghanistan. Roza Otunbayeva, représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la MANUA, a alerté les membres du Conseil sur la situation déplorable des femmes et des filles en Afghanistan, en citant le nouveau rapport de la MANUA.
Avant l’arrivée des talibans en 2021, il existait 23 centres de protection des femmes parrainés par l’État afghan, ouverts aux victimes de violences sexistes et sexuelles. Selon les Nations Unies, ces refuges ont aujourd’hui tous disparu. Un officier des forces de l’ordre a expliqué cette disparition à la MANUA en déclarant que ce type d’infrastructure n’était pas nécessaire et qu’il s’agissait d’un « concept occidental”. Un autre fonctionnaire, travaillant au ministère de la Justice, a ajouté que « l’Émirat islamique n’a pas de centre d’accueil pour les femmes. Elles doivent être avec leur mari ou d’autres membres masculins de leur famille ».
Qu’en est-il des femmes victimes de violences qui n’ont pas de proches masculins, ou qui ont des proches dangereux ? Selon le rapport, les talibans placent ces femmes en prison par mesure de « protection », comme cela est le cas pour des toxicomanes et des sans-abri. La MANUA dénonce cette pratique qui équivaut à une privation arbitraire de liberté, aux conséquences néfastes sur les victimes : « Le fait d’enfermer des femmes qui sont déjà en situation de vulnérabilité dans un environnement punitif aurait probablement un impact négatif sur leur santé mentale et physique, les rendrait à nouveau victimes et les exposerait à un risque de discrimination et de stigmatisation une fois libérées ». Le rapport fait également état d’autres situations dans lesquelles les autorités demandent aux hommes de la famille de déclarer sous serment qu’ils ne feront pas de mal à la femme victime.
La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a déclaré que le niveau de violence sexiste à l’égard des femmes et des filles afghanes était déjà élevé avant l’arrivée des talibans. Mais ces violences ont explosé depuis 2021, dû notamment aux crises économiques, financières et humanitaires que traverse le pays, ainsi que la politique de répression envers les droits des femmes que mène le régime. Interdites ou déconseillées d’étudier, de travailler, de voyager, presque confinées chez elles, les femmes sont plus vulnérables à la violence domestique. Le rapport dénonce également le traitement des plaintes pour violences sexistes et sexuelles. En effet, il n’y a plus de distinction claire entre les plaintes pénales et civiles, ce qui affecte la réponse juridique apportée aux femmes victimes. En outre, les femmes ne travaillant plus dans le système judiciaire ni dans les forces de l’ordre, les victimes doivent obligatoirement porter plainte auprès d’hommes, ce qui peut dissuader les survivantes de le faire.
AP News, « Taliban sending Afghan women to prison to protect them from gender-based violence, says UN report », 14 décembre 2023.
BBC News, « Afghanistan: Taliban sends abused women to prison – UN », 15 décembre 2023.
FRANCE
Le domaine de la musique électronique largement épris de sexisme
Le milieu de la musique électronique est encore très masculin. Selon l’IMS (International Music Summit), seulement 15% des artistes à la programmation de festivals et de clubs dans le monde en 2022 seraient des femmes DJs et productrices. Selon leur rapport de 2023, 67% des femmes DJ se sentent obligées d’être séduisantes durant leur set pour parfaire leur carrière, contre seulement 14% des hommes. En juin dernier, un mouvement MeToo, lancé par la DJette française Paloma Colombe, s’est propagé au travers de ce milieu artistique.
Dans un post Instagram, l’artiste française avait témoigné de ses conditions de travail propres au harcèlement et au sexisme ambiant quotidien. Ni prise au sérieux ni soutenue, elle subit le phénomène de mansplaining dans la plupart des clubs où elle joue (explication non demandée d’un homme à une femme sur ce qu’elle devrait faire et comment le faire) et rapportent également des faits d’agressions. D’autres témoignages féminins font part de propos violents, racistes, grossophobes…
En réponse au post de Paloma Colombe, l’association Consentis, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif, a publié son manifeste « Réinventer la nuit ». Elle demande « la mise en place d’environnements de travail plus sains et sécurisant ». Selon l’association, 82% des artistes femmes et non binaires déclarent avoir rencontré des discriminations liées à leur genre. De manière plus générale, Consentis forme des professionnel·les du milieu de la nuit, notamment de la musique électronique, aux questions liées au consentement et à la prévention contre les discriminations.
De nombreuses autres initiatives pour favoriser la mixité aux platines et valoriser le travail des DJette ont été mises en place en France ces dernières années. Parmi elles, Move Ur Gambettes propose des initiations au mix et des programmes d’accompagnement artistique sur un an, dans toute la France, pour les femmes et les personnes non-binaires. La plateforme de réseau Connect’her recense également de nombreux·ses artistes afin de favoriser l’entraide.
Malgré ces évolutions, le milieu de la musique électro en France reste encore dangereux pour les femmes et les minorités. Pour la DJette Anais Condado, le manque de formation aux métiers de la nuit est très problématique. Elle souhaiterait que les professionnel·les soient plus éduqué·es, ce qui pourrait entraîner une meilleure parité dans le secteur. Encore aujourd’hui, beaucoup de femmes ou de personnes appartenant à une minorité n’osent pas se lancer par peur du sexisme ambiant.
Le Monde, « Les femmes DJ montent le son contre les violences sexistes et sexuelles », 16 décembre 2023.
Tsugi, « Femmes DJs et productrices : ces initiatives pour briser le plafond de verre », 2 mai 2023.
Consentis, « Safer Space« .
L’équipe de France féminine de handball
Dimanche 17 décembre, les Bleues, déjà championnes olympiques, sont devenues championnes du monde pour la troisième fois au Danemark.
Après deux premiers sacres en 2003 et 2017, l’équipe de France féminine de handball a décroché une troisième médaille d’or en battant leurs rivales norvégiennes dans un match très serré, remporté 31-28. Les Bleues ont su s’imposer comme maîtresses de la compétition, en restant invaincues tout au long de la Coupe du monde. Elles ont battu à deux reprises la Norvège, se vengeant ainsi de la défaite en finale de la dernière Coupe du monde de 2021.
Les Bleues enchaînent les records depuis 2016, date de retour de leur entraîneur Olivier Krumbholz, avec qui elles avaient déjà gagné un premier titre mondial en 2003. En sept ans, la sélection a été sur le podium de chaque compétition internationale, sauf au Mondial de 2019 et à l’Euro de 2022. Les joueuses sont également les championnes olympiques en titre depuis leur victoire lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021.
Les 28 joueuses ont montré une belle cohésion d’équipe, qui a permis de mener la sélection à son troisième sacre. Néanmoins, plusieurs d’entre elles ont su se démarquer. C’est le cas de l’arrière centrale Léna Grandveau, héroïne de la finale de ce dimanche. A seulement 20 ans, la révélation française a mené son équipe à la victoire en inscrivant les quatre derniers buts de l’équipe de France à la fin du match. La capitaine de l’équipe de France, Estelle Nze Minko, a aussi été félicitée pour sa performance. La gardienne de l’équipe de France, Laura Glauser, a été élue meilleure gardienne du Mondial, tandis que la joueuse Chloé Valentini a été élue meilleure ailière gauche de ce tournoi.
Les joueuses ont été reçues lundi par le président de la République à l’Elysée lundi 18 décembre, qui a reconnu que l’équipe avait « marque(r) l’histoire », qui leur a également rappelé les prochains Jeux Olympiques qui se tiendront à domicile. Les championnes olympiques en titre sont prêtes, comme en témoignent les mots de leur capitaine : « Viser l’or pour les Jeux olympiques, c’était déjà notre objectif. Finalement, d’avoir remporté cette compétition quelques mois avant, ça nous donne surtout de la confiance ». Allez les Bleues !
ABlock!, « Mondial féminin de handball 2023 », 19 décembre 2021.
Livre – 100 objets racontent une histoire des femmes
Annabelle Hirsch est une autrice franco-allemande, qui vit entre Berlin et l’Italie. Traductrice et journaliste indépendante, elle travaille pour divers magazines, à l’instar du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. En 2023, elle publie son premier livre, intitulé « 100 objets racontent une histoire des femmes ».
Comme plusieurs auteur·ices ces dernières années, la journaliste a décidé de travailler sur l’Histoire au féminin. Les femmes ont en effet souvent été invisibilisées, voire volontairement effacées, des histoires nationales. Annabelle Hirsch souhaite donc réhabiliter les femmes qui ont fait notre Histoire, d’une manière très originale; puisqu’elle analyse l’évolution de la condition féminine à travers les siècles par le prisme… d’objets.
L’autrice explique que l’Histoire est souvent racontée à travers les batailles, les guerres et les conquêtes, les traités ou les développements économiques, ou tout autre type d’événements uniques et extraordinaires. A l’inverse, les objets font partie de la vie ordinaire, quotidienne, mais peuvent tout de même nous raconter l’histoire de nos ancêtres.
A travers 100 objets, artistiques, techniques, intimes ou seulement décoratifs, Annabelle Hirsch raconte ainsi l’histoire des femmes et leur émancipation dans tout autant de domaines : l’art, la politique, la sexualité… Chaque objet apparaît comme le témoin d’une époque (les empreintes de mains dans les grottes préhistoriques), d’une figure historique (les gants de Catherine de Médicis), d’une lutte (la pilule contraceptive)… en France, aux Etats-Unis, ou encore en Egypte.
L’autrice parcourt toutes les époques, de la préhistoire jusqu’à nos jours, en passant par le Moyen-Âge et le siècle des Lumières. Les objets évoqués ne suivent pas une évolution linéaire, au contraire, Annabelle Hirsch souhaite mettre en avant la non-linéarité de l’émancipation des femmes et les périodes de recul de droits qui ont existé.