Revue de presse féministe & internationale du 6 au 13 octobre

Revue de presse féministe & internationale du 29 septembre au 6 octobre
6 octobre 2023
Revue de presse féministe & internationale du 13 au 20 octobre
20 octobre 2023
Revue de presse féministe & internationale du 29 septembre au 6 octobre
6 octobre 2023
Revue de presse féministe & internationale du 13 au 20 octobre
20 octobre 2023

Revue de presse féministe & internationale du 6 au 13 octobre


MAURITANIE

L’ONU alerte sur le déni autour des violences faites aux femmes.

Le 6 octobre, suite à une mission dans le pays, un groupe d’expertes des Nations Unies a dénoncé le déni des violences faites aux femmes en Mauritanie. Cet événement coïncide avec un nouveau projet de loi relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes, critiqué par une partie de la société.

Le Groupe de Travail des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles a effectué sa première visite officielle de la Mauritanie du 25 septembre au 6 octobre. Le but de cette mission est d’évaluer les avancées et les défis en matière de droits des femmes et d’égalité, qui seront publiés dans un rapport qui sera remis au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en 2024. Après une visite de 12 jours et de nombreuses rencontres avec des représentant·es de l’Etat et de la société civile, le groupe d’expertes a rendu publiques ses premières conclusions lors d’une conférence de presse vendredi 6 octobre. L’experte Meskerem Geset Techane a déclaré que selon les données récoltées, « montrent que dans l’éducation, la santé, le travail, la participation politique, les femmes mauritaniennes souffrent encore de l’oppression patriarcale ». En effet, malgré des efforts politiques récents, les progrès concernant les droits des femmes et des filles mauritaniennes sont encore trop lents. A titre d’exemple, 39% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans (et 17% avant l’âge de 15 ans), alors même que la loi l’interdit. L’abandon scolaire, généralement causé par ces mariages ou grossesses précoces, est le principal obstacle à l’autonomisation des jeunes filles. Les grossesses précoces sont aussi une des causes principales de la mortalité maternelle, dont la Mauritanie possède un des taux les plus élevés au monde. Du côté de la politique, la mission d’expertes pointe du doigt l’exclusion des femmes de la prise de décision politique. Malgré l’adoption d’une loi imposant des quotas en 2006, seulement une minorité de femmes occupent des postes électifs et nominatifs aux niveaux régional et municipal. Le groupe de travail a également détaillé les inégalités et les discriminations que subissent les femmes mauritaniennes dans les domaines de la santé, de l’éducation, ou encore de la vie sociale et économique. 

Cependant, selon les expertes, le champ le plus inquiétant reste celui de la violence à l’égard des femmes et des filles. La prévalence de la violence sexuelle reste difficile à évaluer, étant donné le tabou et le stigma qui entourent encore ce sujet. Les entretiens menés par la mission d’expertes témoignent notamment de l’omniprésence du harcèlement sexuel dans les rues, de la violence sexuelle au sein des communautés et de la non-reconnaissance du concept de viol conjugal. Plus inquiétant encore, la discrimination basée sur le genre et les violences à l’égard des femmes sont des problèmes souvent niés, incompris et mal reconnus. Meskerem Geset Techane affirme que « le problème le plus dangereux que nous avons remarqué reste bien le déni des violences commises contre les femmes ». 

Justement, la visite du groupe d’expertes coïncide avec l’examen d’un nouveau projet de loi, dit Karama, relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes qui fait polémique. En effet, le texte est rejeté par plusieurs représentants politiques et religieux, à l’instar de Mohamed Elhacen Ould Dedaw et Ould Habibou Rahmane, imam de la grande mosquée de Nouakchott, capitale de la Mauritanie. Les détracteurs du projet de loi jugent que le texte est contraire aux principes de l’islam. Le président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a affirmé que le texte respecte la charia et a été évalué par des institutions religieuses. Le projet de loi Karama est soutenu par les organisations féministes du pays, telles que l’Association Mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant et l’ONG Amane. Le groupe d’expertes des Nations Unies soutient lui aussi ce texte. Le projet de loi Karama devrait être soumis au vote du Parlement dans les prochaines semaines.

 

 

Le 360 Afrique, « Mauritanie: des expertes de l’ONU dénoncent le déni des violences faites aux femmes », 6 octobre 2023.
OHCHR, « Gender equality in Mauritania: commendable steps forward and major deadlocks », 6 octobre 2023.
DW, « Droits des femmes: la Mauritanie doit faire plus selon l’Onu », 6 octobre 2023.

 


 

ISRAËL/PALESTINE

Qu’en est-il des femmes ? 

En pleine escalade du conflit israëlo-palestinien, les femmes, premières victimes de la violence inouïe aux côtés des enfants, sont peu mentionnées. Elles sont pourtant des actrices importantes qui plaident pour la paix.

Samedi 7 octobre, le groupe terroriste palestinien du Hamas a lancé son opération « déluge d’Al-Aqsa » contre Israël. La riposte israélienne fut quasi-immédiate, le gouvernement annonçant un siège total de Gaza. L’offensive du mouvement islamiste palestinien et la contre-attaque du gouvernement hébreu ont déjà fait des milliers de morts et de bléssé·es, dans leur grande majorité civils, des deux côtés. Les femmes et les enfants en sont les premières victimes. Selon les chiffres du Ministère palestinien de la Santé, 60% des personnes blessées suite aux bombardements israéliens dans la bande de Gaza sont des femmes et des enfants. Les frappes aériennes ont également tué au moins 230 femmes et 260 enfants. Côté israélien, le Hamas a kidnappé au moins 250 otages, dont de nombreuses femmes. Lors d’une allocution télévisée mercredi 11 octobre, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a accusé le Hamas d’avoir  « violé et massacré » des femmes israéliennes lors de leurs attaques. Un discours similaire à celui du Président américain Joe Biden, qui a dénoncé le fait que des femmes « ont été violées, agressées, exhibées comme des trophées ». Bien que les sources de ces informations n’aient pas été confirmées par les agences de presse ni par les forces de défense israéliennes, et puissent être utilisées dans le but de justifier la contre-offensive à Gaza, ces allégations sont crédibles en temps de guerre. 

En effet, dans tous les conflits, tous les pays, toutes les périodes, la violence sexuelle est utilisée comme une véritable arme de guerre envers les populations civiles, et en grande majorité les femmes. Elles sont kidnappées, sexualisées, violées, déshumanisées, assassinées, leurs corps brandis comme des objets ou des trophées. Les images de Shani Nicole Louk, une jeune femme germano-israélienne, dénudée, kidnappée par des combattants du Hamas qui lui crachent dessus, a fait le tour des réseaux sociaux. Le partage de ce type de contenu choquant sert un but bien précis, celui d’asservir et d’humilier son adversaire en lui montrant qu’on possède ses femmes. Comme l’explique Maud Quessart, directrice de recherche à l’Inserm, la violence contre les femmes est utilisée comme une tactique de guerre. Selon elle, ces images sont d’autant plus fortes qu’elles transmettent un message de soumission de femmes occidentales par un groupe djihadiste, dont l’idéologie ne respecte pas les femmes. La violence sexiste comme arme de guerre est également utilisée depuis longtemps du côté israélien. Plusieurs études, telle que celle de la chercheuse Revital Madar, documentent la violence sexuelle d’Etat d’Israël à l’égard des femmes palestiniennes. 

Les femmes sont également victimes de violence de manière plus indirecte. En effet, selon les Nations Unies, les femmes déplacées ou vivant dans des communautés touchées par le conflit sont plus exposées à la violence basée sur le genre et à l’exploitation sexuelle. Suite au violent conflit qui a éclaté le 7 octobre, les femmes israéliennes et palestiniennes qui fuient leurs territoires sont donc susceptibles d’être confrontées à davantage de violence. C’est particulièrement le cas dans la bande de Gaza, où plus de 340 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile depuis samedi, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. 

Pourtant, depuis de longues années, les femmes du conflit israélo-palestinien luttent ensemble pour la paix. Chaque année, depuis 2014, Israéliennes et Palestiniennes marchent main dans la main pour demander aux dirigeants de mettre un terme à ce conflit qui tuent leurs enfants. Le 4 octobre à nouveau, le groupe israélien Women Wage Peace et le groupe palestinien Women of the Sun ont organisé une grande marche pour la paix à Jérusalem, puis en Cisjordannie occupée. A cette occasion, Houda Abou Arqoub, directrice régionale de l’Alliance pour la paix au Moyen-Orient, a déclaré, trois jours avant l’attaque du Hamas, « On ne va pas assister à une guerre tous les deux ans. À chaque fois, des gens meurent pour rien. Et ceux qui payent le plus lourd tribut finalement, ce sont les femmes et les enfants ». Pascale Chen, une des organisatrices israéliennes, a expliqué que le but de cette marche était de demander « à nos deux leaderships de retourner à la table des négociations pour arriver enfin à un accord diplomatique ». Si les femmes sont les premières victimes du conflit, elles sont loin d’être les premières écoutées. 

 

 

 

Les Nouvelles News,« Le 4 octobre, Israéliennes et Palestiniennes marchaient ensemble pour la paix », 10 octobre 2023.
La Croix, « Guerre Israël-Hamas », 12 octobre 2023.
Madame Figaro, « Attaque du Hamas contre Israël : «Si les violences à l’égard des femmes nous interpellent davantage, c’est qu’elles sont faites à dessein» », 9 octobre 2023.

 


 

FRANCE

Les VSS au sein de l’université, un gros manque de budget.

Le 12 octobre, dans une tribune dans Libération à l’occasion des deux ans du premier plan national sur la question, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur a dénoncé le manque de moyens dans la lutte contre les VSS dans les établissements.

Le 12 octobre 2023, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur fait paraître une tribune dans Libération, à l’occasion des deux ans du plan national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans l’enseignement supérieur et la recherche mis en place pour la première fois le 15 octobre 2021 par le gouvernement français. Ce plan permet d’allouer 7 millions d’euros sur cinq ans à la lutte contre les VSS dans les enseignements supérieurs où une personne sur 10 a déjà été victime de VSS selon l’Observatoire.

En 2021, 1,7 millions d’euros ont été débloqués pour financer des projets associatifs et universitaires pour promouvoir la lutte contre les VSS. Ce budget a alors été séparé en deux, afin de donner 350 000 euros à des associations et 900 000 à des projets conduits par des établissements. Afin d’attribuer ces budgets, le gouvernement a mis en place un appel à projet qui a permis à 42 établissements scolaires sur 98 demandeurs et 31 associations, de recevoir de 5000 à 60 000 euros. Le budget alloué pour 2022 a ensuite été doublé pour mettre en 2023, 3,5 millions d’euros dans cette lutte. Malheureusement, selon l’Observatoire VSS, ce plan ne semble pas faire partie du plan budgétaire du gouvernement sur l’année 2024 bien que celui-ci était censé durer jusqu’en 2025.

En outre, les 7 millions d’euros proposés pour un plan quinquennal sont loin de ce qu’il faudrait pour lutter efficacement contre les VSS dans les établissements d’enseignement supérieur. En effet, selon le dernier dossier de la Fondation des Femmes, il faudrait débloquer 2,6 milliards d’euros sur toute la France pour permettre une lutte efficace tandis qu’à ce jour, seuls 184,4 millions d’euros sont disponibles. De ce fait, l’Observatoire VSS demande donc une hausse du budget, la prise en compte de tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche et que les associations spécialisées dans la question (comme l’Observatoire) soient inclues dans les réunions décisionnelles.

Dans son dossier de presse de 2022, le gouvernement soutient que 16 des 21 projets proposés par ce plan étaient déjà en place ou étaient en cours. La première année du plan avait également servi à former 900 personnels sur toute la France pour prendre en charge les VSS et 29 sessions de formation sur les dispositifs de signalement, la procédure disciplinaire et les enquêtes administratives internes avaient été mises en place. Pourtant en cette fin d’année 2023, les chiffres ne sont pas du même avis. Selon l’Observatoire VSS, sur 10 000 étudiant·es, 54% ne se sentent pas en sécurité dans leur établissement et plus de la moitié considère que leur université ne fait pas assez pour lutter contre les VSS. Ceci est notamment dû au nombre d’établissements qui n’ont pas de dispositif d’accompagnement des victimes au sein même de leurs locaux et 44% de ceux qui en ont un conditionnent le déclenchement d’une enquête interne à un dépôt de plainte. Ceci fait donc que seuls 12% des victimes déclarent avoir subi une agression auprès de leur établissement d’étude. Finalement, lorsque la personne ose en parler à son établissement, une personne sur trois ne reçoit pas de soutien psychologique et une sur 4 ne se voit pas proposer le déclenchement d’une procédure disciplinaire.

Pour en apprendre davantage sur ces questions, voici un lien vers un documentaire produit par des étudiant·es pour mettre en lumière l’impunité des agresseurs dans les établissements d’enseignement supérieur en France : cliquez ici.

 

 

Libération, « Lutte contre les violences sexuelles à l’université : des moyens toujours insuffisants« , 12 octobre 2023.
Le Point, « Violences sexuelles et sexistes : 54 % des étudiants en insécurité à l’université », 11 avril 2023.

 


 

POLOGNE

Le droit à l’avortement, un enjeu électoral au coeur des législatives. 

Dans un des pays les plus restrictifs concernant l’avortement, les droits des femmes, et plus particulièrement l’accès à l’IVG, sont au coeur des élections législatives du 15 octobre.

Ce dimanche 15 octobre, les polonaises et polonais éliront leurs prochain·es député·es et sénateur·ices pour les quatre prochaines années. En tête des sondages, le parti très conservateur Droit et justice (PiS), recueille environ 35% des intentions de vote. Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le PiS a réaffirmé son opposition aux valeurs libérales contradictoires à l’héritage catholique de la Pologne, et a soutenu plusieurs politiques visant à soutenir les familles et augmenter le taux de natalité, notamment en mettant en place des incitations financières aux femmes souhaitant avoir plus de quatre enfants.  Le PiS est suivi par le parti centriste de la Plateforme civique (PO), mené par l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, et crédité à 30% des intentions de vote. Le parti, après des années sans position claire sur la question de l’avortement, gravement menacé en Pologne, a annoncé qu’il légaliserait l’accès à l’IVG jusqu’à 12 semaines en cas de victoire. 

Actuellement, l’accès à l’IVG est quasiment interdit dans le pays. En 2020, la Cour suprême, étroitement contrôlée par le PiS, jugeait inconstitutionel l’avortement en cas de malformation du foetus. Depuis, seules la mise en danger de la vie de la mère ou une grossesse issue d’un viol ou d’un inceste sont des conditions légales pour avorter. Néanmoins, si l’accès à l’IVG est largement restreint en théorie, il l’est encore davantage en pratique. En effet, selon la militante polonaise pro-choix Justyna Wydrzyńska, le contexte ambiant et la pression du gouvernement dissuadent les médecins de pratiquer des IVG, mêmes légales, par peur de perdre leur travail. Les obstacles sont multiples. L’accès à l’avortement est encore plus inaccessible pour les femmes polonaises aux revenus modestes, et celles vivant dans les zones rurales. Résultat, la plupart des femmes souhaitant avorter le font de manière clandestine. Ainsi, selon les chiffres officiels, 150 avortements ont été réalisés cette année en milieu hospitalier en Pologne. Pourtant, selon le réseau féministe Abortion Without Borders, le nombre d’IVG pratiquées dans le pays s’élève à 107…par jour. 

Dans ce contexte de recul des droits et de polarisation des politiques, les droits des femmes deviennent un enjeu central pour les élections législatives. Les enjeux ne sont pas uniquement liés à l’IVG, au contraire : lutte contre les violences conjugales, définition du viol, conditions de travail des soignantes… Le droit à l’avortement reste cependant au coeur de la campagne électorale. De nombreuses organisations féministes ont ainsi fait campagne sous le slogan « Votez pour l’avortement », appelant toutes les femmes ayant manifesté en 2020 contre les restrictions du droit à l’IVG à se rendre aux urnes. En effet, le rôle des femmes est clé dans ces élections : le nombre d’électrices indécises est deux fois plus élevé que celui des hommes. Selon un rapport de la Fondation Batory, le succès du parti d’opposition à mobiliser les polonaises pourrait donc faire pencher la balance. Cette mobilisation s’annonce pourtant difficile. En effet, selon les politologues, si les mobilisations massives sans succès contre la pénalisation de l’avortement pourrait motiver les femmes à voter pour le PO, elles pourraient aussi avoir convaincu d’autres électrices que leur voix ne compte pas…

 

TV5 Monde, « Pologne : l’accès à l’avortement, un enjeu électoral majeur », 13 octobre 2023.
Reuters, « Role of women in society at stake in Polish election », 11 octobre 2023.

 

 

 


Narges Mohammadi a reçu le prix Nobel de la paix depuis sa cellule à Téhéran, le 6 octobre.

 

« Si vous regardez attentivement la société iranienne, vous verrez que chaque individu, à tout moment de sa vie et en tout lieu, est coupable du désir de vivre »

C’est pour ce « désir de vivre » que Narges Mohammadi, journaliste et militante, se bat tous les jours depuis plus de trente ans face au gouvernement iranien. Selon elle, il est nécessaire voire obligatoire d’être militant·e dans le monde actuel et notamment pour la société iranienne. Jusque dans les années 2010, elle combattait aux côtés de son mari qui, après un emprisonnement, a décidé de s’exiler à Paris où il a été rejoint par ses fils en 2015. Depuis cette époque, Narges, emprisonnée trois fois et relâchée deux fois pour trop mauvaise santé mentale et physique, n’a revu ni son mari ni ses enfants. En effet, la violence des nombreuses incarcérations lui a laissé des traumatismes psycho-moteurs résultant en une paralysie ponctuelle de certains muscles. Malgré tout, elle continue à se battre pour la liberté des femmes ce qui lui a valu le prix nobel de la paix de 2023 ce 6 octobre 2023.

19e femme prix nobel de la paix, elle est également la 5e personne qui le reçoit durant une incarcération, subie après s’être exprimée en 2020, sans voile, sur les violences sexuelles éprouvées par les femmes emprisonnées par le gouvernement iranien. Un mois après cette apparition, elle est envoyée à la prison d’Evin à Téhéran où elle doit encore purger plus de 10 ans.  Malgré les demandes de l’ONU et d’autres chefs d’Etat, il ne semble que peu probable que Narges ressorte de cette prison. Quant à son engagement, son mari confiera au Monde que :

« Dans sa prison, Narges a toujours essayé d’être la voix de la société civile, celle de tous ceux qui se battent pour la démocratie »

Le prix Nobel de 2023 revient donc à une militante pour les droits des femmes mais également pour les droits humains dans un pays ou la liberté ne semble plus exister. Elle est d’ailleurs grande fervente du mouvement Femmes, Vie, Liberté et vice-présidente du Defender of human rights center, dirigé par Shirin Ebadi, ancienne prix nobel, elle aussi militante pour le droit des femmes en Iran. Au contraire de celle de cette année, la victoire de Ebadi en 2003 avait pu être célébrée comme il se doit par le peuple iranien. Narges s’était notamment battue, avant de devoir lutter contre le régime oppressif des talibans, contre la peine de mort, ce qui lui a valu d’être emprisonnée en 2013. Au cours de sa vie, elle aura ainsi subi 13 arrestations, aura été condamnée à 34 ans d’emprisonnement et 154 coups de fouet. Elle n’est donc pas reconnue comme apte à recevoir ce prix Nobel par le gouvernement iranien qui considère cette décision comme une action partiale et politique. Malgré tout, cette décision dépasse la journaliste au profit d’un message symbolique dans cet environnement réactionnaire en réponse au meurtre de Mahsa Amini. Ce symbole est d’autant plus fort que Narges a été choisie pour le prix Nobel face à d’autres activistes telles que Mahbouba Seraj, qui lutte contre les talibans dans un autre pays aux mains des islamistes ou encore Masih Alinejad, initiatrice du mouvement « My stealthy freedom ».

Finalement, en donnant de l’importance à la militante iranienne, ce prix résonne avec ses propos :

« Soyez aussi notre voix, relayez notre message d’espoir, dites au monde que nous ne sommes pas derrière ces murs pour rien et que nous sommes à présent plus forts que nos bourreaux qui emploient tous les moyens possibles pour faire taire notre société. »

 

Libération, « Le prix Nobel de la paix 2023 revient à la militante iranienne emprisonnée Narges Mohammadi », 6 octobre 2023.
Le Monde, « Narges Mohammadi, Prix Nobel de la paix 2023 : la voix de la contestation iranienne », 7 octobre 2023.

 

 


Le Festival du Film Féministe.

Pour la troisième année consécutive, la Ville des Lilas organise son Festival du Film Féministe, qui sensibilise sur des thèmes féministes tout en mettant en avant des réalisatrices.

Pour cette troisième édition, le Festival du Film Féministe a choisi comme thème les injonctions. Les injonctions liées au corps, à la féminité, ou au contraire à la virilité, à la sexualité… Les films et documentaires diffusés aborderont donc tous ce thème pour mieux le comprendre et mieux le combattre. 

Le festival propose une sélection de films et de documentaires variés, dans leur grande majorité réalisés par des femmes, afin de mettre en avant les réalisatrices et participer à une meilleure représentation des femmes dans le 7ème art. Parmi les œuvres présentées, nous retrouvons Anatomie d’une chute, la Palme d’or du festival de Cannes de 2023, et Le Consentement, adaptation du livre éponyme de Vanessa Springora, actuellement en salles. La réalisatrice du film, Vanessa Filho, sera présente. De nombreuses rencontres avec des cinéastes sont d’ailleurs prévues : Mona Achache, Nina Faure, Laurent Metterie, Louise Roussel, Colombe Rubini…

La programmation réaffirme aussi la lutte pour l’égalité professionnelle, et contre les violences et discriminations faites aux femmes du festival. Ainsi, de nombreux événements sur ces thèmes sont organisés en parallèle des diffusions de films. Le collectif 50/50 propose ainsi une table ronde pour les professionnel·les sur le thème de la diversité dans le cinéma. Une soirée podcast et une librairie éphémère sont également prévues.

Retrouvez la programmation complète : cliquez ici.