COMMUNIQUE DE PRESSE – Pénalisation des clients prostitueurs : La Cour européenne des droits de l’homme va-t-elle abandonner les dizaines de milliers de personnes prostituées pour qui la pénalisation des clients est une avancée considérable ?
31 août 2023Revue de presse féministe & internationale du 1er au 8 septembre
8 septembre 2023Revue de presse féministe & internationale du 25 août au 1er septembre
ANTARCTIQUE
Harcèlement et agressions sexuels jusque dans les bases scientifiques.
Une nouvelle enquête de l’agence de presse mondiale Associated Press sur le harcèlement et les agressions sexuels à la base scientifique américaine de McMurdo dévoile le caractère constant de ces comportements qui affectent une grande partie des femmes scientifiques en mission.
Longtemps exclues des missions scientifiques en Antarctique pour des raisons plus ou moins justifiées (de la difficulté physique de travailler dans un environnement extrême au fait qu’elles représentaient une « distraction » pour les hommes), les femmes scientifiques n’ont pu intégrer pleinement les programmes nationaux que dans les années 1980. Elles ont alors dû travailler dans un monde conçu par et pour les hommes, où le harcèlement sexuel et les agressions des collègues féminines sont une réalité de la vie. Les sciences polaires ont ensuite connu leur propre #MeToo assez tôt, en 2017, lorsque le professeur David Marchant a été suspendu de l’université de Boston suite aux accusations de plusieurs scientifiques et étudiantes qui dénoncaient le harcèlement sexuel dont elles avaient été victimes lors de plusieurs missions en Antarctique.
Il a pourtant fallu attendre 2022 pour que la Fondation nationale américaine pour la science (NSF) reconnaisse officiellement l’ampleur du phénomène dans un long rapport détaillant l’omniprésence du harcèlement et d’agressions sexuels au sein du programme antarctique américain (United States Antarctic Program). Le rapport révèle que 59 % des femmes ont été victimes de harcèlement ou d’agression en mission en Antarctique, et 95 % des femmes interrogées ont dit connaître quelqu’un qui avait été victime d’agression ou de harcèlement dans le cadre du programme antarctique.
La publication des résultats de l’enquête menée par l’agence Associated Press (AP) cette semaine révèle cependant que le problème dépasse le harcèlement lui-même. En effet, les enquêteurs, en s’appuyant sur des dossiers judiciaires, des communications internes, et des interviews d’employé·es, ont découvert une tendance similaire : dans de nombreux cas, les plaintes des femmes pour harcèlement ou agression étaient minimisées par leurs employeurs. Ce fut le cas de la mécanicienne Liz Monahon, interrogée par AP, qui a déclaré avoir été harcelée et menacée par un collègue lors d’une mission en 2021. La responsable des ressources humaines l’avait dissuadée de porter plainte contre l’homme, évoquant notamment les répercussions qu’un tel acte pourrait avoir sur tout le programme. D’autres cas similaires ont été identifiés, tel que celui de Jennifer Sorensen, qui a subi un viol, qualifié par ses employeurs de simple « harcèlement », ou encore d’une femme anonyme, licenciée après s’être plaint d’avoir été sexuellement agressée en 2019.
La base scientifique de McMurdo, aussi bien par son isolement géographique que par la culture misogyne qui y règne, est donc un lieu propice au harcèlement et aux agressions sexuels. La culture machiste, héritage du siècle passé où les hommes étaient majoritaires dans ces missions, est omniprésente : brimades sexistes, plaisanterie masculine, harcèlement… Aujourd’hui encore, environ 70% des habitant·es du camp scientifique sont des hommes. Isolées, les femmes scientifiques le sont aussi géographiquement/physiquement : McMurdo est l’un des endroits les plus reculés de la planète. Le centre d’opérations est organisé comme un village, avec une centaine de dortoirs, de bureaux, et même quelques bars. Mais contrairement aux villages du continent, il n’y a ni réseau cellulaire (ce qui rend la communication difficile), ni police (seulement un représentant de la police fédérale), ni prison. Comme de nombreuses femmes le témoignent, elles sont contraintes de se débrouiller seules dans ces situations. Liz Monahon, sans soutien de ses supérieur·es, s’est ainsi promenée avec un marteau pendant toute la durée de sa mission.
Suite au rapport de la Fondation nationale pour la science (NSF), le Congrès américain a ouvert une enquête. En septembre 2022, la NSF a publié un document listant tous les changements effectués, notamment le fait que les portes des dortoirs de la station McMurdo seront toutes dotées de judas afin que les gens puissent voir qui est à leur porte avant de l’ouvrir. Un groupe de travail a également été créé au sein du programme antarctique américain. Elle exige désormais de Leidos, le maître d’œuvre, qu’il signale immédiatement les cas d’agression sexuelle et de harcèlement. Les plaintes de violence ont cependant continué après la sortie de ce document. De leur côté, plusieurs femmes ayant travaillé à McMurdo ont dénoncé la faiblesse des mesures prises, estimant qu’un problème systémique nécessitait une réponse systémique. Elles plaident aussi pour davantage de prévention au sein de ces missions scientifiques.
Il est désormais temps que des mesures effectives soient mises en place, afin d’éliminer un obstacle de taille dans la présence de femmes dans la communauté scientifique en général et dans ces missions de terrain et de rendre les carrières de STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) plus sûres et accessibles pour tous·tes.
AP News, « Takeaways from AP’s investigation into sexual harassment and assault at Antarctica’s McMurdo Station », 27 août 2023.
Mother Jones, « For Female Scientists, Antarctica Can Be a Sexual Harassment Hellscape », 9 février 2023.
Australian Feminist Studies, « Gendered Power Relations and Sexual Harassment in Antarctic Science in the Age of #MeToo », 9 juin 2020.
CHILI
Menace sur le droit à l’avortement dans la rédaction de la nouvelle constitution.
Suite à leur victoire aux élections de mai 2023, le Parti Républicain chilien, classé à l’extrême droite, représente le plus gros groupe politique au sein du conseil chargé de rédiger la nouvelle constitution. Le parti ultraconservateur s’attaque au droit à l’IVG dans le pays et propose de constitutionnaliser au contraire le « droit à la vie ».
En disant « Non » au premier projet de constitution proposé en septembre 2022, le peuple chilien avait manqué l’occasion historique d’inscrire le droit à l’IVG (encore très limité) dans leur nouvelle constitution. Suite à cet échec, les citoyens ont élu en mai les membres d’un nouveau Conseil constitutionnel, chargé de rédiger une nouvelle constitution qui remplacerait le texte actuel, hérité de la dictature de Pinochet. La victoire du Parti Républicain, parti d’extrême droite, qui compte désormais 22 conseillers, soit 35% des 50 conseillers, a changé la donne. Difficile d’imaginer une constitutionnalisation du droit à l’avortement dans ces conditions. Luis Silva, le président du parti au Conseil constitutionnel, a d’ailleurs confirmé que le Parti Républicain n’accepterait pas que le droit à l’IVG soit protégé dans la future constitution.
Le Conseil constitutionnel est actuellement en train de travailler sur un « pré-projet » de la future constitution. Chaque parti peut proposer des amendements, qui sont adoptés à une majorité de trois cinquièmes. Ce projet garantit pour l’instant un « droit à la vie » sans plus de précision, mais les conseillers du Parti Républicain font déjà de ce texte projet leur cheval de troie pour imposer leur vision conservatrice du droit à l’IVG et y inscrire au contraire la protection « de l’enfant à naître et de la maternité ». Le 30 juillet, le président du parti, Arturo Squella, a renouvelé son soutien à la « défense de la vie et particulièrement aux personnes innocentes qui ne peuvent se défendre ». Bien que le Parti Républicain ne possède pas la majorité au Conseil constitutionnel, il reste le groupe le mieux représenté avec 22 conseillers, et détient ainsi un pouvoir de véto des amendements. Selon les derniers résultats d’une enquête du Centre d’études publiques chilien (CEP), le Parti Républicain est le groupe politique avec lequel les gens s’identifient et sympathisent le plus actuellement. Si le parti gagnent les prochaines élections législatives, comme c’est l’ambition de ses dirigeants, le droit à l’IVG, en plus de n’être pas inscrit dans la constitution, sera également menacé d’être interdit, selon Arturo Squella : « lorsque nous serons majoritaires au Parlement, nous présenterons un projet de loi qui s’attaquera à cette loi [de l’avortement], que nous considérons comme une atteinte à la vie ».
En réaction à ces déclarations, un collectif de 200 organisations chiliennes, dont les organisations de défense des droits sexuels et reproductifs Corporación Miles et APROFA, ainsi que de nombreux groupes internationaux, ont publié une lettre ouverte. Ils y expriment leur « profonde préoccupation face à la menace que représente la proposition de l’extrême droite chilienne » et dénoncent le discours du Parti Républicain menaçant d’interdire le droit à l’IVG, durement acquis dans le pays. En effet, ce n’est qu’en 2015, sous le mandat de la première présidente femme du Chili, Michelle Bachelet, que l’avortement a été dépénalié partiellement pour la première fois. La « loi des trois causes », comme son nom l’indique, autorise l’avortement sous trois conditions seulement : en cas de viol, de fœtus non-viable ou de risque vital pour la mère. La proposition finale de la constitution devrait être présentée en octobre, pour être ensuite soumise à un référendum en décembre.
The Guardian, « ‘Gigantic step backwards’: far-right gains in Chile threaten abortion rights », 21 août 2023.
La Tercera, « Líder de Republicanos dice que buscarán derogar ley de aborto en tres causales cuando sean “mayoría en el Congreso” », 30 juillet 2023.
The Clinic, « “Representa un avance significativo en justicia reproductiva”: Más de 200 organizaciones salen en defensa de la ley de aborto en tres causales », 3 août 2023.
ESPAGNE
#SeAcabó, le nouveau #MeToo espagnol.
Des réseaux sociaux à la rue, de l’ONU aux fédérations de football européennes, le baiser forcé du président de la fédération espagnole Luis Rubiales à la joueuse Jenni Hermoso a suscité une immense mobilisation contre le sexisme dans le football féminin. Pourtant, Luis Rubiales n’a toujours pas démissionné. Le mouvement #SeAcabó nous montre pourquoi l’Espagne -et le monde- a toujours besoin du féminisme.
Retrouvez notre article de la semaine dernière sur le sujet : cliquez ici.
Depuis l’incident du baiser forcé lors de la finale de la Coupe du Monde de football féminin, que l’Espagne a remporté, le dimanche 20 août, les réseaux sociaux se sont mobilisés pour montrer leur soutien à Jenni Hermoso. Les internautes se sont rassemblé·es autour du hashtag #SeAcabó (« c’est terminé »), qui signifie que les comportements sexistes et machistes, dans l’Espagne d’aujourd’hui, c’est fini. La vague de soutien pour la joueuse a continué dans les rues de Madrid, où, le 28 août, des milliers de personnes ont manifesté pour réclamer la démission de Luis Rubiales. Parmi les pancartes levées et les slogans scandés, des citoyen·nes mais aussi des personnalités politiques (notamment Irene Montero, Ministre de l’Egalité), la phrase « Volveremos a ganar » (« nous gagnerons une nouvelle fois ») est évocatrice. La porte-parole du parti de gauche Sumar, Marta Lois, a déclaré qu’il était temps « d’éradiquer le machisme dans les organisations sportives ». Le haut-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU a quant à lui espéré que cette polémique « marquera un tournant » dans la lutte contre les abus dans le sport.
Justement, dans le monde sportif, nombre de structures se sont mobilisées pour soutenir Jenni Hermoso, alors que la fédération espagnole de football en était incapable. Quelques jours seulement après leur sacre à la Coupe du monde, les 23 joueuses championnes du monde, ainsi que 58 autres joueuses espagnoles, ont annoncé qu’elles refuseraient de jouer pour la sélection nationale tant que Rubiales serait toujours en poste. Le staff qui encadrait l’équipe féminine a lui aussi présenté sa démission. Du côté de leurs homologues masculins, le soutien a été moindre, mais le footballeur Borja Iglesias a déclaré mettre un terme à sa carrière internationale tant que le problème ne sera pas réglé. Au niveau international, de nombreuses équipes de foot, notamment en Europe et aux Etats-Unis, ont arboré des maillots ou des pancartes exprimant leur soutien à Jenni Hermoso durant leurs matchs.
Le 26 août, face à l’inaction de la fédération espagnole, la commission disciplinaire de la FIFA a pris la décision de suspendre pour une durée de 90 jours Luis Rubiales de ses fonctions. Le même jour, la fédération, qui accusait Jenni Hermoso de « tergiverser la réalité » pour protéger Rubiales, a supprimé son communiqué. Finalement, le 29 août, la fédération a suspendu le salaire de son président et lui a retiré l’accès à sa voiture et à son téléphone portable de fonction. Entre temps, du côté de la justice, le parquet espagnol a ouvert une enquête préliminaire pour agression sexuelle. La loi du « Seul le oui est oui », adoptée en 2022, pionnière en Europe dans le domaine du consentement, qualifie en effet un baiser forcé de potentielle agression sexuelle.
Le président Rubiales est de son côté de plus en plus isolé. Son comportement face à la controverse, qui a été de nier les faits et de rejeter la faute sur Jenni Hermoso, ne convainc (presque) plus. Parmi ses soutiens, de moins en moins nombreux, on compte sa mère, actuellement hospitalisée après avoir entamé une grève de la faim en début de semaine pour dénoncer le harcèlement dont son fils était victime. Face à la mobilisation des joueur·euses espagnol·es, la fédération avait également soumis une demande à l’Union des associations européennes de football (UEFA) afin d’exclure les équipes nationales de toute compétition européenne. L’UEFA a cependant rejeté la demande.
La controverse actuelle illustre les débats qui secouent un pays à l’avant-garde du féminisme, mais surtout la remise en cause, désormais quasi-unanime dans les milieux sportifs, de la culture footballistique sexiste et inégale envers les femmes et les hommes. Les joueuses, en se mobilisant contre ce baiser forcé, symbole d’un comportement normalisé et répandu, inspirent des millions de personnes à travers le monde. Comme le proclamait une pancarte des manifestations madrilènes, les Espagnoles sont désormais en chemin vers leur deuxième victoire du Mondial, mais cette fois, contre le sexisme.
EL PAÍS, « Caso Luis Rubiales », 31 août 2023.
New York Times, « A Forced Kiss, and a Reckoning With Sexism in Spain », 28 août 2023.
FRANCE
La CEDH juge recevable une demande contestant la loi française contre la prostitution.
Ce jeudi 31 août, la Cour européenne des droits de l’Homme a acté la recevabilité d’une requête déposée par des personnes en situation de prostitution qui demandent l’abrogation de la loi de 2016. La Cour ne s’est pas encore prononcée sur le fond de l’affaire, remettant sa décision à plus tard.
260 femmes et hommes en situation de prostitution, de diverses nationalités, ainsi qu’une vingtaine d’associations avaient saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) en 2019. Trois ans après l’adoption de la loi de 2016, qui a instauré la pénalisation des clients prostitueurs, les requérant·es avaient demandé son abrogation, estimant que le texte portait atteinte à plusieurs de leurs droits fondamentaux. Ils ont notamment invoqué leur droit à la vie (article 2 de la Convention européenne des droits de l’Homme) et l’interdiction des traitements inhumains ou dégradants (article 3 de la Convention). Les requérant·es, dans leurs témoignages, argumentent en effet que la loi de 2016, en pénalisant les clients, les oblige à rencontrer les plus « dangereux » d’entre eux, à des tarifs plus bas, entraînant ainsi une précarisation et un risque plus élevé de violences.
En 2018, les requérant·es avaient saisi le Conseil d’Etat d’une demande d’annulation de la loi de 2016. Le Conseil d’Etat avait transmis la requête au Conseil constitutionnel, qui avait écarté le motif d’une prétendue inconstitutionnalité, en 2019. Suite à l’épuisement des voies de recours nationales, les requérant·es et les associations avaient saisi la CEDH en 2019. La Cour européenne, en avril 2021, avait jugé une première fois la requête recevable, fait assez exceptionnel, puisque plus de 90% des demandes ne dépassent pas ce stade. Cependant, l’État français avait contesté la recevabilité de la requête, notamment en niant que les requérant·es étaient des victimes.
La loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées fait de la France un pays pionnier au sein du mouvement abolitionniste, qui considère la prostitution comme une forme de violence. Le texte prévoit la pénalisation des « clients » en interdisant l’achat d’acte sexuel. L’infraction de recours à la prostitution est désormais punie d’une amende d’un minimum de 1500 euros. En parallèle, il abroge le délit de racolage; les personnes prostitué·es sont donc considérées comme des victimes aux yeux de la loi. Le texte vise en effet à protéger et accompagner ces victimes de la prostitution, notamment en créant des parcours de sortie et d’insertion sociale et professionnelle, desquels peuvent également bénéficier les victimes étrangères.
Les associations abolitionnistes, qui soutiennent cette loi -et luttent pour une meilleure application- ont donc réagi en dénonçant la décision de la CEDH. Selon elles, ce n’est pas la loi qui tue, mais bien la prostitution. Au contraire, les associations opposées à ce texte, qui considèrent que la loi a inversé le rapport de force entre les personnes prostitué·es et les clients prostitueurs en faveur de ces derniers, ont accueilli l’annonce de recevabilité comme une victoire. Il est cependant important de rappeler qu’en statuant sur la recevabilité de la requête, la CEDH ne statue que sur la forme, et pas le fond, de celle-là. La Cour se prononcera dans les mois à venir dans un arrêt, qui jugera -ou pas- du bien-fondé de la requête.
Retrouvez la décision complète de la CEDH : cliquez ici.
Le Figaro, « Prostitution : la CEDH juge recevable une requête contre la loi française de 2016 », 31 août 2023.
La Croix, « La CEDH se prononce sur la loi de 2016 contre la prostitution », 31 août 2023.
La joueuse iranienne, naturalisée française après avoir contesté le pouvoir iranien, a été sacrée championne de France d’échecs dimanche 27 août.
Mitra Hejazipour a ajouté un titre de plus à son long palmarès dans le monde des échecs, en Iran et en France. En 2015, elle est devenue la deuxième joueuse d’échecs iranienne à recevoir le titre de grand maître international.
Cinq ans après, en 2020, la joueuse est exclue de l’équipe nationale iranienne pour avoir enlevé son hijab lors d’une compétition internationale à Moscou en 2019 pour protester contre la condition des femmes en Iran. Elle est alors contrainte de quitter son Iran natal pour s’exiler à Brest, en Bretagne. En mars 2023, elle obtient la nationalité française, et, quelques mois après sa naturalisation, elle participe à son premier championnat de France d’échecs féminin cet été à Alpe d’Huez, qu’elle a remporté dimanche 27 août.
Si Mitra Hejazipour soutient les manifestations actuelles en Iran contre le voile obligatoire, elle est également engagée pour la cause des femmes en France. Début août, elle a participé à l’émergence du mouvement #MeTooEchecs, en signant une lettre ouverte avec d’autres joueuses, entraîneuses et arbitres pour dénoncer les « violences sexistes ou sexuelles, qu’elles soient verbales, écrites ou physiques, perpétrées par des joueurs d’échecs, entraîneurs, arbitres ou dirigeants » qu’elles ont subi. Elles expliquent notamment que le harcèlement et les agressions envers les femmes sont une des raisons pour laquelle les jeunes filles arrêtent de jouer aux échecs. En effet, les femmes, qui représentaient 20% des licencié·es de la Fédération française d’échecs en 2020, sont encore minoritaires dans ce sport.
Europe Echecs, « Yannick Gozzoli et Mitra Hejazipour Champions de France ! », août 2023.
Libération, « «Pour que la peur change de camp» : les meilleures joueuses françaises d’échecs dénoncent les violences sexistes et sexuelles dans leur sport », 4 août 2023.
Série – Duels d’Histoire
La série « Duels d’Histoire », réalisée par Nicolas Brénéol et Olivier Carpentier et produite par l’INA, a sorti ses 10 épisodes sur la plateforme d’ARTE. A travers de courts épisodes de 12 minutes, « Duels d’Histoire » se penche sur des grands affrontements qui ont changé l’Histoire du monde, en mettant en scène de nombreux personnages féminins, que l’Histoire a souvent oubliés (ou effacés).
La mini-série parcourt aussi bien les périodes historiques que le globe : de l’Antiquité jusqu’au XXème siècle, de la conquista espagnole à la Révolution française, en passant par la Chine communiste de Mao ou la Rome Antique… Chaque épisode met en scène une ou deux femmes et leur rôle dans des affrontements historiques peu ou mal connus.
Un des épisodes retrace ainsi le match de tennis historique entre la joueuse Billie Jean King et son homologue masculin Bobby Riggs. Cet affrontement d’anthologie a été une étape clé dans le combat de Billie Jean King pour l’égalité entre femmes et hommes dans le tennis professionnel. Nous fêtons d’ailleurs actuellement les 50 ans de la décision de l’US Open d’égaliser les gains des vainqueurs, femmes ou hommes, du tournoi.
La série est disponible depuis le 30 août sur le site d’ARTE, cliquez ici pour découvrir les épisodes.