COMMUNIQUE DE PRESSE 16/12/2024 – Un ministère des droits des femmes : une urgence impérative sous le mandat de François Bayrou
16 décembre 2024COMMUNIQUE DE PRESSE 20/12/2024 – Procès des violeurs de Mazan : Un verdict mitigé symptomatique d’un système défaillant
20 décembre 2024Revue de presse féministe & internationale du 16 au 20 décembre
FRANCE
Le verdict est tombé marquant la fin du procès des “viols de Mazan”
Après près de quatre mois d’audience, la cour criminelle départementale du Vaucluse a rendu, ce jeudi 19 décembre, son verdict dans le procès des viols perpétrés sur Gisèle Pélicot sous soumission chimique.
Les 51 accusés ont été déclarés coupables. Dominique Pélicot, ex-mari de la victime et principal responsable des crimes, a été condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers. Les co-accusés ont écopé de peines allant de 1 à 15 ans de prison ferme, avec des condamnations individualisées selon les responsabilités et les faits reprochés.
Au total, l’accusation avait requis 652 années de prison contre l’ensemble des accusés. Le tribunal a prononcé 428 années de réclusion cumulées (AFP). Parmi les 51 condamnés, 18 étaient déjà en détention provisoire et resteront derrière les barreaux. Sur les 32 qui comparaissent libres, 23 ont été placés en détention immédiate à l’issue du verdict. Trois mandats de dépôt à effet différé ont été prononcés en raison de l’état de santé des condamnés concernés, qui seront incarcérés dans des structures adaptées. Six accusés ont été laissés en liberté à l’issue du procès, soit parce que leur peine couvre la détention provisoire déjà effectuée, soit parce qu’elles seront directement aménagées.
L’avocate de Dominique Pélicot a annoncé qu’elle n’exclut pas de faire appel de cette condamnation, bien que la peine prononcée corresponde à la peine maximale prévue par la loi. Les autres accusés disposent également de cette possibilité.
Cette affaire hors norme, par le nombre d’accusés et la gravité des faits, a provoqué une grande émotion dans l’opinion publique. Les détails des viols, perpétrés sous soumission chimique administrée à Gisèle Pélicot, ont suscité une indignation unanime.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte où la libération de la parole, notamment sur les violences sexuelles a conduit à une augmentation des affaires portées à la connaissance de la justice. Cependant, selon une étude de l’Institut des Politiques Publiques, entre 2012 et 2021, 94% des affaires de viols ont été classées sans suite. La peine maximale imposée à Dominique Pélicot est donc une victoire dans la reconnaissance par la justice française de la gravité du crime qu’est le viol. Cependant, il reste encore un long chemin à parcourir avant la fin de l’impunité des agresseurs comme en témoignent les peines légères infligées aux accusés.
PAYS-BAS
Le comité d’organisation annonce la fin du concours de “Miss”
C’est une toute première pour le concours des Miss : les Pays-Bas ont mis un terme à leur concours national. Le comité d’organisation a motivé leur décision par le fait que “les temps ont changé et nous évoluons avec le temps”. Cela marque une rupture avec un concours dit “de beauté” annuel depuis plus d’un siècle. Ce changement, à l’initiative de Monica Van Ee, directrice du comité Miss Pays-Bas, illustre une évolution des mentalités et de la compétition jugée déconnectée des valeurs modernes.
A la place du concours, les Pays-Bas vont lancer une plateforme baptisée Niet Meer van Deze Tijd (En français, Plus de ce temps), destinée à promouvoir une beauté inclusive, en mettant en valeur des personnalités et des engagements au-delà de l’apparence physique. (En 2023, les Pays-Bas avaient déjà affirmé la volonté de rupture avec les standards « traditionnels » de beauté, par l’élection de Rikkie Kollé, première femme transgenre couronnée Miss Pays-Bas.)
Né en France en 1920 avant de s’exporter aux États-Unis et en Turquie, le concept des concours de beauté féminins a longtemps imposé des standards physiques uniformes. Les femmes, censées représenter leur territoire, arboraient des corps minces, sans vergetures ni poils visibles, perchées sur des talons hauts et recouvertes de couches de maquillage. Pendant des décennies, ces concours ont été critiqués pour leur incapacité à valoriser la diversité des textures de cheveux, excluant notamment les cheveux crépus et frisés, et reflétant ainsi une vision limitée de la beauté.
Pour Virginie Spies, sémiologue, ce format est le “produit d’un système patriarcal de domination qui continue de s’exercer sur les femmes”.
En France, le concours Miss France demeure une institution populaire, bien qu’il suscite des critiques. En octobre 2021, l’association Osez le Féminisme ! a intenté une action en justice contre les sociétés Endemol Production et Miss France, dénonçant des critères de sélection discriminatoires, tels que l’exigence d’une taille minimale de 1,70 mètre, l’interdiction d’être mariée ou d’avoir des enfants, et l’obligation d’être “représentative de la beauté” . L’association a également souligné l’absence de contrats de travail pour les participantes, estimant que ces dernières étaient soumises à un véritable processus de recrutement sans les protections légales afférentes. En janvier 2023, le conseil de prud’hommes de Bobigny a reconnu l’existence d’une relation de travail entre les candidates et la société de production, mais a débouté Osez le Féminisme ! sur les accusations de discrimination, estimant que les critères en question ne contrevenaient pas à la législation en vigueur.
Bien que des avancées aient été obtenues, comme la mise en place d’un contrat de travail limité, ou l’ouverture du concours aux femmes mariées et aux femmes ayant déjà eu des enfants, des critiques sur le caractère restrictif des standards physiques persistent. L’exemple de Ève Gilles, Miss France 2023, harcelée pour sa coupe de cheveux courte, illustre les pressions constantes et sexistes exercées sur l’apparence des candidates.
Certain•es arguent que le concours permet à des jeunes femmes de tous milieux socio-économiques d’avoir l’opportunité de faire rayonner la France à l’international, soutenir des associations françaises et d’acquérir un réseau et des compétences variées à la fin de leur “règne”. Des anciennes femmes élues Miss France ont insisté sur la dimension libératrice et émancipatrice du concours. Pourtant, la décision des Pays-Bas repose sur une remise en question fondamentale : peut-on encore juger des femmes sur leur apparence dans une société qui prône l’égalité ? Comme le souligne Louise Aubery, autrice de « Miroir, miroir », ce type de concours perpétue « une quête de perfection nuisible », où les femmes se sentent conditionnées à plaire. Cette quête, diffusée et visionnée par des millions de Français•e, renforce une compétition féminine basée sur des critères patriarcaux. Alors que l’élection de Miss France 2025 a pour la première fois couronné une femme de 34 ans, il en reste que cette dernière a été victime d’une vague de cyberhacèlement, comme les femmes élues avant elle, sur la base de son physique, de sa couleur de peau, de son âge. Ce cyberharcèlement est commis par des hommes et des femmes, souvent par des personnes jeunes sur les réseaux sociaux. Ainsi, le concours pose également la question des violences commises à l’encontre de ces jeunes femmes.
https://osezlefeminisme.fr/concours-miss-france-laction-en-justice-dosez-le-feminisme-se-poursuit/
FRANCE
Mayotte : les femmes victimes du cyclone Chido de façon disproportionnée
Le cyclone Chido, qui a également fait plusieurs dizaines de morts au Mozambique, a touché Mayotte avec une violence dévastatrice, laissant l’île, déjà fragilisée par des inégalités structurelles, dans un état critique. Toitures arrachées, arbres renversés, familles sans abri : les dégâts matériels sont immenses. Au-delà des destructions visibles, les femmes de Mayotte subissent les conséquences du cyclone d’une façon particulière.
Pour rappel, les femmes, et notamment celles vivant dans des conditions précaires, sont parmi les plus touchées lors de désastres naturels. Selon l’ONU, 70 % des victimes de catastrophes climatiques dans le monde sont des femmes. À Mayotte, 24 % des femmes occupent un emploi (Ce taux étant deux fois plus faible que celui des femmes vivant dans l’Hexagone, et 1,5 fois plus faible que celui des hommes résidant à Mayotte) :leur situation socio-économique déjà fragile les rend particulièrement vulnérables.
La précarité des mères isolées est particulièrement alarmante. Plus de 90 % des mères seules sur l’île vivent sous le seuil de pauvreté selon l’Insee. Lorsqu’un cyclone frappe, elles sont souvent contraintes de gérer seules les conséquences : protéger leurs enfants, trouver un abri et subvenir aux besoins immédiats de leur famille. Cette charge mentale, combinée à un accès limité aux ressources d’aide, place ces femmes dans une situation de détresse extrême.
Mayotte, devenue le 101ᵉ département français en 2011, reste le territoire le plus pauvre de France. Environ 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, un chiffre bien plus élevé que dans l’Hexagone.
Pour les femmes de Mayotte, les défis sont multiples. Bien que les femmes nées sur l’île affichent un meilleur niveau d’éducation que les hommes, celles issues de l’immigration, notamment des îles voisines des Comores, se trouvent souvent dans une situation d’irrégularité administrative, ce qui aggrave leur précarité. Ces barrières, combinées à des obstacles linguistiques, les empêchent de s’intégrer pleinement au marché du travail et les rendent particulièrement vulnérables face aux crises.
Cette crise rappelle l’urgence pour les pouvoirs publics et les institutions internationales de mettre en œuvre des politiques adaptées, non seulement pour répondre aux besoins immédiats, mais aussi pour offrir aux femmes de Mayotte les moyens de briser ce cycle de vulnérabilité. Des témoignages récents ont révélé la situation critique des femmes enceintes contraintes d’accoucher dans des centres de santé endommagés ou parfois sans assistance médicale, à cause des destructions causées par le cyclone. Garantir un accès équitable aux ressources, renforcer les infrastructures et promouvoir l’autonomisation des femmes sont des étapes essentielles pour reconstruire un avenir durable et inclusif sur l’île.
En outre, la CLEF était présente lors de la séance plénière du CESE du 26 novembre 2024, consacrée aux violences faites aux femmes dans les Outre-mer. Les discussions ont relevé des taux de violences trois fois plus élevés que la moyenne nationale, ainsi qu’un taux de féminicide quatre fois supérieur, et souligné l’urgence de renforcer les moyens des associations, les hébergements d’urgence et la formation des professionnels dans les Outre-mer.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/6472945
https://www.francetvinfo.fr/meteo/cyclone-ouragan/cyclone-chido-a-mayotte.