PERCÉE MASSIVE DE L’EXTRÊME DROITE LORS DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES :

UNE MENACE POUR LES DROITS DES FEMMES EN EUROPE

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le 11 juin 2024

10 juin 2024 – Les élections européennes d’hier ont marqué un tournant important, les partis d’extrême droite ayant obtenu un soutien sans précédent dans de nombreux États membres de l’Union Européenne. Cette évolution significative reflète une tendance plus large à la montée des extrémismes de droite, alimentée par une confluence de facteurs socio-économiques et d’efforts de communication stratégiques.

Les groupes d’extrême droite Identité et Démocratie (ID) et les Conservateurs et Réformistes européens (ECR) remportent respectivement 58 et 72 sièges, soit un total de 130 sièges sur 720. Le Parti populaire européen (PPE) obtient 189 sièges, suivi par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) avec 135 sièges, Renouveler l’Europe avec 83 sièges, et les Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) avec 53 sièges. Le groupe de la Gauche ne compte que 36 sièges. 

En France, le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN) s’est imposé comme le premier parti, avec plus de 31 % des voix. Reconquête, le parti fondé par Éric Zemmour, condamné à trois reprises pour incitation à la haine raciale après avoir qualifié les mineurs étrangers non accompagnés de « voleurs, assassins et violeurs », est entré au Parlement européen pour la première fois, bien qu’il n’ait été créé qu’il y a deux ans. Ensemble, ces deux groupes représentent près de 40 % des voix, ce qui semble faire de l’extrême droite la force politique dominante en France – une évolution historique. Cette situation a incité le président Emmanuel Macron à annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale, de nouvelles élections législatives étant prévues dans trois semaines. Cette décision pourrait modifier de manière significative le paysage politique français et l’équilibre des pouvoirs. 

La poussée générale de l’extrême droite dans l’UE souligne un tournant. Les Partis nationalistes, traditionnellement eurosceptiques, ont articulé une pensée centrée sur une Europe ethniquement homogène et anti-migrations, opposée au multiculturalisme. Leur Europe est ultra conservatrice, a des pouvoirs réduits, favorise le libéralisme économique et renforce la « forteresse Europe » contre les politiques d’immigration axées sur les droits humains. Cette coopération paneuropéenne entre les mouvements d’extrême droite a renforcé leur influence et facilité la diffusion de leurs messages. 

La montée de l’extrême droite n’est pas un phénomène isolé, mais plutôt le symptôme de changements sociétaux plus larges. Les disparités économiques, la désillusion à l’égard des institutions politiques traditionnelles et les effets de la mondialisation ont créé un terrain fertile pour les idéologies extrémistes. Les stratégies de communication de l’extrême droite ont été particulièrement efficaces dans ce contexte, normalisant leur discours. Ce phénomène, tout comme la montée de l’extrême droite, met en évidence l’impact considérable des médias sociaux sur les évolutions politiques, face auxquels les associations féministes manquent de moyens pour contrer les idées réactionnaires à l’encontre des droits des femmes . 

La CLEF alerte sur :

1. Les menaces que fait peser l’idéologie d’extrême droite sur les droits des femmes, à travers notamment la défense de la “famille traditionnelle” affirmant le soi-disant devoir des femmes de s’occuper de leur famille plutôt que de réaliser leurs aspirations individuelles. 

2. Le durcissement probable des politiques d’immigration européenne, déjà très strictes, avec des conséquences terribles pour les femmes et les femmes migrantes, particulièrement vulnérables, et ce notamment dans le contexte des migrations climatiques. 

3. Le démantèlement des services publics et les réductions d’impôts perpétrés par les politiques néolibérales défendues par l’extrême droite ont un impact direct sur les possibilités d’emploi des femmes, exacerbant encore les inégalités entre les femmes et les hommes, en particulier pour les femmes les plus précarisées – porteuses de handicap, migrantes, mères célibataires, femmes âgées, etc. 

4. La menace sérieuse que constitue la montée des extrêmes droites pour les droits reproductifs et sexuels, ces mouvements faisant la promotion des restrictions de l’accès à l’avortement, à la contraception et à l’éducation sexuelle, limitant l’autonomie et la liberté de choix des femmes. 

La Coordination française pour le Lobby Européen des femmes appelle les eurodéputé·es nouvellement élu·es à faire de la cause des femmes une priorité. Nous rappelons nos recommandations formulées dans notre Manifeste pour les élections européennes. 

Les résultats des élections européennes soulignent l’urgence d’une réponse concertée pour contrer la montée des extrémismes de droite. Alors que le rôle des organisations de la société civile dans le processus démocratique pourrait être réduit, ce moment appelle à une mobilisation et à un engagement renouvelés de la part de tous les acteurs démocratiques pour protéger les valeurs d’égalité, de droits humains et de justice. Les mois et les années à venir seront cruciaux pour l’Europe qui navigue dans ce nouveau paysage politique, et il est impératif que les forces progressistes se rassemblent pour formuler des stratégies qui s’attaquent aux causes sous-jacentes des extrémismes tout en promouvant la vision d’une Europe unie et protectrices de toutes les filles et les femmes.

La CLEF appelle les formations politiques républicaines à s’engager réellement pour l’égalité entre les femmes et les hommes, en donnant aux femmes la place qu’elles méritent, les moyens d’une émancipation réelle et un salaire égal à celui des hommes.

La CLEF appelle toutes les citoyennes et les citoyens à se mobiliser pour que les idées progressistes l’emportent sur l’obscurantisme, en France et en Europe.

Contact Presse: 

Céline THIEBAULT MARTINEZ, présidente 

0673382667