Mardi de la CLEF #31 – Le consentement dans la qualification du viol : est-il utile pour les victimes ?
17 janvier 2024Mardi de la CLEF #32 – De la puberté à la vieillesse : comment le temps qui passe se vit dans nos corps de femmes ?
25 janvier 2024Revue de presse féministe & internationale du 13 au 19 janvier
FRANCE
Un test pour détecter l’endométriose non remboursé par la sécurité sociale.
L’endométriose est une maladie chronique inflammatoire de la cavité utérine touchant 1 femme sur 10 dans le monde (selon l’OMS). Pourtant, il n’existe pas encore de remède contre cette dernière et le diagnostic peut mettre jusqu’à 10 ans, en moyenne, pour être posé.
Ce délai, presque surréaliste au vue de l’ingérence de la maladie dans la vie d’une femme atteinte, a été repensé par la start-up lyonnaise Ziwig. En effet, cette dernière a développé un test salivaire, rapide et fiable, qui détecterait la présence d’endométriose grâce à un simple prélèvement. La Haute Autorité de la santé (HAS) a rendu lundi 8 janvier un avis favorable sur l’efficacité de ce nouvel outil sans en affirmer son utilité clinique. Selon elle, il reste encore à vérifier la nécessité pour le public visé.
Sans son accord complet, le test ne peut être remboursé par la sécurité sociale. Ainsi, les femmes françaises devraient débourser 800€ pour savoir si elles sont atteintes d’endométriose. Cela semble absurde, d’autant plus que le diagnostic n’est même pas le nerf de la guerre contre cette maladie, encore faut-il traiter convenablement les douleurs de chacun·e. Et là encore, le parcours est long et complexe.
En effet, l’endométriose diffère selon les patient·es, des symptômes, aux placements des cellules endométriales dans le corps, jusqu’aux conséquences. La douleur au moment des règles est un souci de taille parmi d’autres. Socialement, la maladie est extrêmement handicapante. Encore très peu intégrée à notre fonctionnement social, la grande majorité des personnes atteintes sont contraintes de travailler tout en souffrant et de se déplacer quitte à risquer le malaise. L’endométriose représente une lourde charge mentale et économique pour elles, pouvant même, pour certaines, être la cause d’infertilité. “Le problème de cette maladie, c’est que nous ne savons pas la guérir. Nous savons seulement bloquer son évolution”, avoue le chirurgien Horace Roman au journal Le Monde.
Ainsi, le test de détection peut constituer une avancée vers une meilleure prise en charge de l’endométriose en France, tant qu’il ne représente pas un énième coût pour les malades. Il convient donc d’attendre la réponse officielle de la HAS, en espérant que cette dernière soit censée.
Le Monde, « Endométriose: première étape vers le remboursement d’un test salivaire, 8 janvier 2024.
Organisation mondiale de la santé, « Endométriose », 24 mars 2023.
FRANCE
Le gouvernement Attal: une parité d’apparence.
Le nouveau Gouvernement de Gabriel Attal annoncé le 11 janvier 2024 se présente de premier abord comme un gouvernement paritaire laissant également place aux femmes et aux hommes. Pourtant, les postes accordés à chaque sexe sont d’importance contrastée.
Si en France les femmes participent à la vie politique depuis 1944, leur présence même au sein des institutions de la République après la Libération constitue rapidement une problématique qui n’a été soulevée que bien plus tard. En effet, ce n’est que dans les années 1990 que l’instauration de politiques en vue d’une meilleure représentation des femmes s’impose comme une priorité, et en 1995, sous la présidence de Jacques Chirac, qui l’avait promis lors de la campagne pour les élections présidentielles de 1995, Colette Codaccioni, Ministre de la Solidarité entre les générations, annonce la création d’un Observatoire de la parité entre les hommes et les femmes.
Créée par le décret n°95-1114 du 18 octobre 1995, cet observatoire a pour mission de proposer des études et analyses sur la situation spécifique des femmes, d’évaluer les inégalités que ce soit dans les domaines politique, économique ou social, de se prononcer sur des textes proposés par le Premier Ministre, et de proposer des recommandations au gouvernement pour résorber ces inégalités (Décret n°98-922 du 14 octobre 1998 – art. 1 () JORF 16 octobre 1998). [DK1] En 2013, il est remplacé par le Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Néanmoins, il semble pertinent de questionner les différences entre parité et égalité et l’efficacité de ces institutions. La parité fait-elle l’égalité ?
Le nouveau Gouvernement de Gabriel Attal annoncé le 11 janvier 2024 se présente de premier abord comme un gouvernement paritaire laissant également place aux femmes et aux hommes. Pourtant, les postes accordés à chaque sexe sont d’importance contrastée. On observe que dans ce gouvernement les cinq ministères régaliens ne sont tenus que par des hommes avec Gérald Darmanin au Ministère de l’Intérieur, Éric Dupond-Moretti au Ministère de la Justice, Stéphane Séjourné au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et Bruno Lemaire au Ministère de l’Économie. C’est la première fois depuis 2017 qu’un gouvernement ne nomme aucune femme à la tête d’un ministère régalien.
De plus, bien qu’il y ait une quasi parité avec huit hommes nommés pour sept femmes, alors que tous les hommes sont ministres, trois femmes sur les sept nommées sont déléguées auprès du Premier ministre. Il s’agit de Prisca Thevenot, Ministre délégué chargée du renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, Aurore Bergé, Ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, et Marie Lebec, Ministre déléguée chargée des relations avec le Parlement. Nous pouvons donc parler d’une véritable division genrée du travail politique, et cela est d’autant plus regrettable après avoir eu une femme au poste de Première ministre en la personne d’Elisabeth Borne pendant plus d’un an.
Il semble ainsi clair que « la grande cause nationale », puisque l’avait ainsi formulé Emmanuel Macron en 2017, à savoir l’égalité entre les femmes et les hommes ne soit plus aujourd’hui d’actualité. Cette grande cause devait reposer sur trois piliers : l’éducation, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et la répression des auteurs. Le soutien apporté par Emmanuel Macron à Gérard Depardieu à la suite des révélations de l’émission “Complément d’enquête” semble bien montrer que la grande cause n’est plus à l’agenda de l’exécutif.
Vie publique, « Les révisions constitutionnelles motivées par l’évolution de la société », 31 juillet 2019.
Legifrance, « Décret n°95-1114 du 18 octobre 1995 ».
Le Monde, « Qui sont les ministres du gouvernement de Gabriel Attal? », 11 janvier 2024.
Le Progrès, « Nouveau gouvernement Attal: mais où sont les femmes? », 12 janvier 2024.
Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, « L’égalité entre les femmes et les hommes déclarée grande cause nationale par le président de la République », 25 novembre 2017.
ZAMBIE
Les femmes prennent les armes pour défendre les terres protégées des braconniers.
Compte rendu de l’article « »I never dreamed I would carry a gun »: the Zambian women keeping poachers at bay », un article d’Isabel Choat publié le 15 janvier 2024 dans le journal The Guardian.
Ce sont traditionnellement les hommes qui prennent les armes pour défendre le parc national de Zambie, mais nous sommes à l’heure du changement : la première escouade 100% féminine est en activité depuis 2021 !
Kufadza est la première organisation anti-braconnage entièrement composée de femmes. Créée en 2021 par l’ONG Conservation Lower Zambezi, le but de l’ONG est de protéger les parcs nationaux et les espèces menacées du braconnage tout en incitant à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Aujourd’hui, les membres de Kufadza s’entraînent dur, avec apprentissage de la nage, course à pied, maniement des armes, randonnées, … Elles travaillent comme s’il s’agissait de rentrer dans l’armée pour passer de Kufadza à une unité spéciale K9. Les membres de l’organisation sont ravies car ce passage d’unité signifie davantage de responsabilités mais également un meilleur salaire et des primes mensuelles. Alors que les femmes qui viennent des zones rurales sont souvent sous payées et mal traitées, cette opportunité leur permet de gagner en liberté et en indépendance. En effet, bon nombre des membres de Kufadza étaient sans emploi avant sa création.
L’ONG souhaite poursuivre sur cette lancée, former les femmes pour qu’elles puissent gravir les échelons et intégrer des unités spéciales telles que la K9. C’est ce qu’a fait Stella Siansuna qui a depuis intégré une escouade marine. Elle explique qu’avant, elle avait de l’appréhension d’intégrer une équipe composée d’hommes, mais depuis elle témoigne : “Sometimes it’s just me and eight men, but there is no problem. We climb the same mountains, walk the same distance” (« Parfois, il n’y a que moi et huit hommes, mais il n’y a pas de problème. Nous escaladons les mêmes montagnes, parcourons la même distance »). Elle raconte que son parcours inspire, que des femmes viennent la voir, lui demandent quand auront lieu les prochains recrutements, et comment se préparer.
De plus, si le but premier de l’ONG était de lutter contre les inégalités entre les sexes tout en défendant les terres protégées, les unités féminines se sont révélées plus efficaces que les masculines. Siansuna explique cela en disant que les braconniers sont plus susceptibles d’écouter les femmes que les hommes.
Le bilan de cette opération est donc un succès : les jeunes femmes qui ont toutes à peine plus de vingt ans perçoivent ainsi un salaire qui leur permet de vivre dignement, libres et indépendantes, elles diffusent un message d’espoir pour les autres qu’elles inspirent et qui souhaitent également rejoindre les rangs, leurs bilans se révèlent être plus efficaces que ceux des hommes, ce qui pourrait favoriser le recrutement de davantage de femmes, elles ont des perspectives d’évolution de carrière, et elles défendent les espèces et les espaces protégés.
The Guardian, « I never dreamed I would carry a gun »: the Zambian women keeping poachers at bay », 15 janvier 2024.
IRAN
Le recours aux violences physiques et sexuelles pour faire taire les mouvements de résistance.
« Les autorités iraniennes intensifient les sanctions contre les femmes et les filles qui revendiquent leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression, de religion, de croyance et de disposer de son corps. Cette offensive généralisée fait partie des manœuvres incessantes des autorités pour briser l’esprit de résistance des personnes qui ont osé s’élever contre les décennies d’oppression et d’inégalités dans le cadre du mouvement populaire Femme. Vie. Liberté »,
Diana Eltahawy, Amnesty International.
Mercredi 3 janvier, Roya Heshmati a été condamnée à 74 coups de fouet pour atteinte aux mœurs publiques pour non-respect du port du voile. Cette activiste iranienne d’origine kurde avait partagé des photos d’elle sans hijab sur les réseaux sociaux pour protester contre l’oppression des femmes en Iran. Cette violence institutionnelle est aujourd’hui l’instrument d’une répression qui vise à briser toute forme de protestation de l’ordre de domination établi en instaurant la crainte.
Cet évènement, qui est loin d’être isolé, est significatif d’une politique toujours plus dure à l’encontre des femmes. Dans son rapport annuel de janvier 2024 sur la situation politique en Iran concernant le respect des droits humains, l’ONG Human Rights Watch met en évidence le durcissement de la police des mœurs qui alourdit ses mesures punitives contre les femmes en cas de manquement aux règles vestimentaires. Le 21 septembre 2023, un projet de loi concernant le port du hijab est approuvé par le parlement. Celui-ci augmenterait encore davantage les peines et les amendes.
Ces décisions politiques et orientations idéologiques sont rejetées par une importante frange de la population qui organise des manifestations pacifiques mais celles-ci subissent une répression sanglante. Le rapport d’Human Rights Watch récence la mort de plus de cinq cent personnes suite ou pendant les manifestations de 2023. La mort de Armita Geravand pendant l’une d’elle, avait beaucoup marqué l’opinion. Cette étudiante de 17 ans est décédée en octobre à la suite d’une agression de la police de mœurs pour non-respect du port du hijab. Elle est tombée inconsciente puis est morte après vingt-huit jours de coma à l’hôpital.
Il est important de souligner que cette violence n’est pas un hasard, elle est un instrument au service de l’autoritarisme de l’Etat iranien qui se sert de celle-ci dans le but de briser toute résistance possible. Cette violence infligée directement par une institution de justice, comme dans le cas de Roya Heshmati, ou par des agents au service de celle-ci, dans le cas d’Armita Geravand, montre la systématisation de la violence ainsi que la volonté de l’Etat d’étouffer par cette dernière les mouvements dissidents. La violence est brandie pour effrayer afin de mettre fin à tout mouvement rebelle. Comme l’explique Diana Eltahawy d’Amnesty International : « Les autorités iraniennes intensifient les sanctions contre les femmes et les filles qui revendiquent leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression, de religion, de croyance et de disposer de son corps. Cette offensive généralisée fait partie des manœuvres incessantes des autorités pour briser l’esprit de résistance des personnes qui ont osé s’élever contre les décennies d’oppression et d’inégalités dans le cadre du mouvement populaire Femme. Vie. Liberté ».
C’est ce que développe le rapport d’Amnesty International publié le 6 décembre 2023 en insistant sur les violences sexuelles. Ce dossier de 120 pages expose le recours méthodique par les forces de l’ordre à la violence sexuelle comme moyen de terreur. Il regroupe les témoignages les 45 victimes de violence sexuelle, de viol, de viol collectif, et de torture. Cette extrême violence est utilisée pour annihiler tout esprit révolutionnaire. Parmi ces victimes, 12 sont des femmes, 26 sont des hommes et 7 sont des mineur·es.
“Survivors consistently told Amnesty International that intelligence and security forces employed torture and other ill-treatment, including rape and other forms of sexual violence, for the purposes of intimidation and humiliation in order to break their spirit, self-esteem and sense of dignity, to instil fear, and to inflict lasting trauma, thereby discouraging them from participating in future protests or other acts of resistance, including, in the case of women and girls, removing veils in public”, (p.63-64).
« Les survivants ont déclaré à plusieurs reprises à Amnesty International que les forces de renseignement et de sécurité avaient recours à la torture et à d’autres mauvais traitements, notamment au viol et à d’autres formes de violence sexuelle, à des fins d’intimidation et d’humiliation afin de briser leur moral, leur estime de soi et leur sentiment de dignité, pour semer la peur et leur infliger un traumatisme durable, les décourageant ainsi de participer à de futures manifestations ou à d’autres actes de résistance, notamment, dans le cas des femmes et des filles, en retirant leur voile en public ».
Le Club de Mediapart, « Coups de fouets sur le corps d’une femme se promenant en blouse rouge », 8 janvier 2024.
Human Rights Watch, « Iran: Chokehold on Dissent. Violent Repression of Protests; Detaining Critics and Victim’s families », 11 janvier 2024.
Human Rights Watch, « Investigate Death of 17-Years-Old Girl in Iran. Armita Garawand Fell into Coma under Suspicious Circonstances », 2 novembre 2023.
Amnesty International, « Iran. Le nouveau projet de loi sur le port obligatoire du voile est une atteinte ignoble aux droits des femmes et des filles », 21 septembre 2023.
Amnesty International, « Iran. Les forces de sécurité ont eu recours au viol et à d’autres formes de violences sexuelles pour écraser le soulèvement « Femme. Vie. Liberté » en toute impunité », 6 décembre 2023.
Amnesty International, Rapport « »The Violently Raped Me ». Sexuel violence weaponized to crush Iran’s « Woman Life Freedom » Uprising », 6 décembre 2023.
Présidente de l’association Stop Violence en Andorre, Vanessa Mendoza Cortés était jugée en diffamation pour s’être exprimée contre l’interdiction totale d’avorter lors d’une réunion du Comité des Nations Unies en 2019.
Mercredi 17 janvier, la militante pour le droit à l’avortement Vanessa Mendoza Cortés a été acquittée lors de son procès pour diffamation. Cette procédure judiciaire aura duré quatre ans. Présidente de l’association Stop Violence en Andorre, Vanessa Mendoza Cortés était jugée en diffamation pour s’être exprimée contre l’interdiction totale d’avorter lors d’une réunion du Comité des Nations Unies en 2019. Elle était accusée de « délit contre le prestige des institutions ». Le gouvernement, qui avait déjà déposé une plainte contre elle, dépose un an après trois autres accusations de diffamation contre elle, dont certaines comportaient des peines de prison. Sa libération est un soulagement pour les défenseuses des droits des femmes à disposer de leur corps.
La principauté d’Andorre est un petit pays enclavé entre le France et l’Espagne, mais qui ne fait pas partie de l’Union européenne. Elle est néanmoins membre du Conseil de l’Europe et des Nations Unies. L’Andorre est l’un des derniers pays d’Europe à interdire complètement l’avortement, et peu importe les circonstances, et à le punir d’une peine d’emprisonnement. Que la grossesse résulte d’un viol ou qu’elle présente un danger pour la mère, l’avortement est puni de six mois de prison pour la femme et de trois ans d’emprisonnement pour le médecin ayant pratiqué l’opération.
Alors que l’on débat en France sur la nécessite d’inscrire l’IVG dans la Constitution afin de s’assurer de la protection de ce droit, et qu’Emmanuel Macron a le statut de coprince de la principauté avec l’évêque d’Urgell, l’Andorre se refuse totalement à réfléchir à la question de l’avortement. Ces deux personnalités, laïque et religieuse, sont également coprinces et ont des pouvoirs égaux qui découlent de la Constitution. Néanmoins, ils n’ont à ce titre aucun pouvoir exécutif ou judiciaire, ce qui ne leur permet pas d’agir sur la politique locale. Rien n’avait donc pu être fait dans le droit pour abandonner les accusations contre Vanessa Mendoza Cortés, sa libération est un vrai soulagement.
Amnesty International, « Andorre, L’acquittement d’une militante du droit à l’avortement est une victoire importante », 17 janvier 2024.
ActuToulouse, « Andorre. « La loi sur l’avortement la plus sévère d’Europe »envoie une militante au tribunal », 14 décembre 2023.
Théâtre – Tout le monde savait, pièce écrite par Elodie Wallace, mise en scène par Anne Bouvier et jouée par Sylvie Testud.
Anne Bouvier met en scène en co-production avec le théâtre de l’œuvre la pièce d’Elodie Wallace intitulée Tout le monde savait. Ce texte est adapté en pièce de théâtre du livre du même nom de Valérie Bacot qui raconte sa vie. Son histoire est celle d’une jeune fille qui rencontre à 12 ans son bourreau, Daniel Polette. C’est d’abord son beau-père, il deviendra plus tard son mari, son violeur et son proxénète. Il abuse d’elle dès ses 13 ans, puis la fait emménager chez lui et l’épouse dix ans après. Il finit par la prostituer en la menaçant avec une arme. Le 13 mars 2016, après des années de violence et de silence, elle le tue, de peur qu’il ne fasse subir le même sort à sa fille de 14 ans.
Dans ce texte, elle expose le dysfonctionnement des institutions, la complicité de sa famille et de la police, tous ceux qui ont laissé faire. Incarnée par Sylvie Testud dans un seul en scène, nous est livré ce témoignage où apparaissent les visages de tous ceux qui se sont tus. L’actrice obtient pour cette performance le Molière du Meilleur Seule en scène. Les critiques de cette pièce, qu’il s’agisse de la performance de l’actrice, de la beauté du texte ou de l’intelligence de la mise en scène, sont dithyrambiques.
Sylvie Testud explique à Télérama l’importance de ne pas voir dans cette histoire un fait divers, mais de comprendre l’universalité du propos. Véritable discours féministe, elle s’insurge que les femmes, qui représentent la moitié de la population, puissent vivre sous la menace perpétuelle – qu’elles ne soient ni écoutées, ni protégées par les institutions.
Après s’être jouée à Paris au Théâtre de l’œuvre, la pièce part en tournée. Elle se joue dans plusieurs grandes et petites villes. Elle passe notamment à Marseille, et en banlieue parisienne à Taverny le 27 janvier.
Le Monde, « Les vies fracassées de Valérie Bacot, condamnée pour l’assassinat de son mari mais sortie libre de son procès », 26 juin 2021.
Marianne, « Violences conjugales: au théâtre, Sylvie Testud bouleversante dans « Tout le monde savait » » , 21 octobre 2022.
Télérama, Sortir3798, 26/10/2022, p.8.