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22 septembre 2021Colloque La Parité, 20 ans après! Retours, recommandations et replay
13 octobre 2021Hommage/Femmage à Gilberte Sportisse – Lalia Ducos
HOMMAGE/FEMMAGE A UNE CAMARADE FEMINISTE ET INTERNATIONALISTE.
Gilberte nous a quittés.
Elle aurait eu 104 ans le 17 Septembre.
Comment peut-on résumer toute une vie d’engagement et de luttes.
Gilberte, algérienne d’origine juive, a vécu à Bab El Oued et comme la plupart des juifs algériens, a subi le racisme et l’ostracisme .
A l’âge de 21 ans en 1938, elle adhère au Parti Communiste Algérien pour tout d’abord lutter contre le fascisme et les conditions de vie des algériens régis par le Code de l’Indigénat. Elle est arrêtée en 1940 par la police de Vichy, en même tant que de nombreux camarades dont Kaddour Belkaim, responsable du PCA, mort en déportation.
Gilberte est condamnée à 2 ans de prison et subira ses premières tortures.
Libérée, elle n’en poursuivra pas moins ses activités au sein du parti
Au parti, elle rencontre Bouali Taleb membre du comité central du PCA qu’elle épouse : Gilberte raconte à ce sujet qu’elle embrassait ostensiblement Bouali Taleb lorsqu’il subit des remarques racistes de la part d’européens dans la rue.
Bouali Taleb rejoint le maquis en 1956 et meurt au maquis les armes à la main lors d’un accrochage. Gilberte est arrêtée et de nouveau torturée par la police colonialiste et expulsée vers la France.
, Gilberte se souvient de ce qu’elle ressentait au moment où elle est transférée ,seule dans un camion militaire entourée de soldats français « j’aurais aimé être une bombe pour exploser » !
Le parti l’envoie à Prague où elle rejoint la délégation extérieure du PCA qu’elle aide dans son travail international de soutien à la guerre de libération du peuple algérien dirigé par le FLN .
Pour l’anecdote : lors d’un court voyage à Moscou elle demande à Larbi Bouhali, secrétaire général du PCA, de rencontrer Nazim Hikmet , ce qui fut fait et Gilberte a eu sa rencontre et la dédicace de son livre !
C’est à l’indépendance, à son retour en Algérie que je fais la connaissance de Gilberte Taleb au PCA où elle reprend ses tâches au sein du Parti.
Au lendemain de l’indépendance j’ai eu l’immense bonheur de côtoyer des camarades inoubliables : Lucette Hadj Ali , Zoulikha Benzine, Jacqueline Guerroudj, Djamila Danièle Minne-Amrane, Akila Abdelmoumène qu’elles reposent en Paix, Jeanine Caraguel- Fève la grande amie de William, Eliette loup, Colette Chouraqui etc ..Hélas toutes ces camarades ne parlaient pas beaucoup d’elles , elles étaient d’une grande humilité, et nous n’avions qu’une préoccupation : la reconstruction de notre pays.
Lors du coup d’État du 19 Juin 1965 , Gilberte est arrêtée et de nouveau torturée, cette fois ci par la police algérienne , la seule femme parmi 65 militants détenus ; Gilberte est libérée en 1966.
A sa libération Gilberte travaille à la Caisse de Sécurité sociale tout en continuant ses activités militantes.Gilberte et William militaient ensemble depuis de longues années et leur union s’est faite naturellement ; Deux êtres animés par le même idéal, ne reniant ni le marxisme ni l’impérialisme ni les luttes ouvrières.
Menacés par les islamistes, en 1994 Gilberte et William Sportisse quittent l’Algérie mais continueront à faire des allers -retours, comme la plupart des algériens exilés. C’est à la fête de l’Huma que nous nous retrouvions ensemble, au Stand du PADS, William s’affairant et Gilberte que je revois assise au fond du stand à préparer les couverts.
Gilberte toi si frêle , tu as été d’une force extraordinaire, d’une résistance à toute épreuve et surtout d’une grande détermination.
Notre jeunesse doit connaître l’histoire, une histoire occultée de tous nos combattants communistes, musulmans , juifs, chrétiens d’Algérie dont certains assassinés, guillotinés, condamnés à mort, torturés, morts au combat, qui n’ont jamais abandonné leur engagement patriotique pour une Algérie libre , démocratique et sociale.
Repose en Paix , Gilberte, nous prendrons soin de William .
Lalia Ducos,
Présidente de WICUR,
Administratrice de la CLEF.